Injury time

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mercredi 18 septembre 2013

Concours de floches


Au coup de sifflet final de ce Benfica-Anderlecht, il y avait de quoi s'arracher les cheveux. Le manque de combativité des mauves fut assez horripilant, les erreurs tactiques aussi. Mais surtout, comme à chaque défaite belge en Champions League, le lot insoutenable d'excuses à la con qui nous a été servi.

Les médias commencent avant même le coup de sifflet de monsieur Gräfe. Un tableau vient nous expliquer qu'Anderlecht a le plus petit budget du groupe avec 40 millions d'euros. 400 millions pour le PSG, 70 pour Benfica, et 45 pour l'Olympiacos. En filigrane, on nous apprend qu'il s'agit là du classement à la fin de la phase de groupe. Pour le coup, l'argent n'est plus un moyen, mais une finalité. 400 millions d'euros c'est plus que 70, qui sont eux-mêmes supérieurs à 45. Les mathématiques nous apprennent donc que nous ne serons pas sur le podium final. Autant ne pas monter sur terrain, on évitera des blessures éventuelles.

J'en ai marre de l'entendre cette histoire de budget! Bien sur que l'argent aide à construire une équipe performante, je ne le nie pas. Mais ce ne sont pas les millions qui s'affrontent sur le terrain, mais deux équipes de onze petits gars armés de jambes bottées de cuir. Ce qui fait la différence entre deux équipes durant le match, ce sont les duels gagnés, les phases arrêtées, les seconds ballons, la vitesse et la rigueur tactique. Pas les millions. Je vais donc expliquer à l'humanité le "How To": le jour du match on oublie le budget de l'équipe adverse, on s'arrache et on fait tout pour prendre les trois points, on les prends, et puis grâce à la victoire on encaisse une paire de millions d'euros qui nous permettront d'augmenter notre budget. Le méthode actuelle : On frémit lors du tirages au sort, on ergote sur une possible troisième place(sur l'avant-dernière place donc), on encense les adversaires des heures durant, on joue la peur au ventre, on prends une gifle, et on se dit que, les budgets le prouvent, on n'est pas du "même monde".

Voilà la personnalité schizophrène du football belge. On rêve d'être de la Ligue de Champions, et quand on y est, on prétend qu'on en est pas.

Pour en revenir en mathématique, je vais pousser le bouchon plus loin. Une fois de plus, et pour la deuxième fois dans le même article, je vais tirer les connaissances de l'humanité vers le haut,  écrire mon nom à côté de ceux de Pythagore et de Thalès. Accrochez vos ceintures, prendez vos calculettes, sortez les compas. Après avoir compulsé les classements de toutes les compétitions internationales, nationales, régionales, locales, de tous les pays du monde depuis la naissance du football, je vous présente, en exclusivité mondiale, ci-dessous, le seul théorème(de ma composition pour rappel) qu'on puisse établir de manière prouvée scientifiquement qui détermine la relation entre le budget d'un club et ses résultats:

Considérant un club de football A, inscrit dans une compétition B. Considérant X comme le budget du club A, inscrit à une compétition Y classant les budgets des clubs inscrit à B par ordre de valeur. Il est établi que la victoire de X à Y, n'induit pas obligatoirement la victoire de A à B.

Et toc! A raisonnement mathématique, réponse mathématique. Car, sous des atours abracadabrantesques, ma démonstration est, véritablement, la seule conclusion qu'on puisse tirer de la relation budget-résultats! D'autres l'ont déterminé avant moi:

L'argent ne fait le bonheur( ...mais y contribue).

Tout cela me rappelle nos enfances. Formidable laboratoire de la nature humaine, on y retrouve à l'état embryonnaire toutes nos névroses d'adultes. La comparaison des budgets, n'est qu'une extension du concours de floches dans les toilettes dans l'école. Qui a la plus grande?

L'observateur adulte de ses mœurs d'enfant y retrouve tout. En effet, avoir la plus grande ne garantit pas le futur bien-être sexuel, ni même affectif. Tout comme, avoir le plus gros budget n'assure pas la victoire à coup sûr. Par contre, l'observateur adulte attentif  y trouvera autre chose d'encore plus intéressant, la réponse au problème, le recours des tailles modestes, la solution à celui qui vise l'avant dernière place. En effet, mes souvenirs de 4ème primaire sont formels, bien souvent, le (auto-)déclaré vainqueur n'était pas toujours le plus longuement fourni. Que du contraire, au détriment de toutes vérité scientifique et d'une élémentaire vérité métrique, il y avait toujours un caïd des bacs à sables pour s'adjuger le titre. Qui par peur, qui par intérêt, qui par moutonisme, peu s'offusquaient. Le pire, ou le mieux, c'est selon, c'est que quelques années plus tard, le premier d'entre nous à faire usage de son appendice à d'autres fins que digestives, était souvent ce magnifique imposteur.

Toujours persuadé de sa longueur d'avance,  de sa supériorité en tous domaine, sa confiance en lui mettait hors-jeu nos doutes adolescents dans l'âpre bataille pour choper une gonzesse. Voilà la leçon existentielle à tirer du concours de floches enfantin: Fuck le système métrique, vue d'ici, elle est infiniment plus longue. Les lois physiques régissent le monde, pas ma vie. Le football belge, devrait s'inspirer de l'imposteur. Je suis ce que je suis, mais ici je suis le meilleur. Quand nous auront pleinement conscientiser notre gabarit, notre taille, notre statut, nous sortirons enfin des ses considérations misérabilistes. La valeur du football belge doit s'affranchir de l'adjectif petit. Toutes autres considérations mis à part, je préfère Leekens se déclarant l'architecte des succès des Diables, à De Sart qui s'excuse d'exister.

Bien entendu que le budget d'un club a une influence sur ses résultats! Mais on parle là de tendance, pas de garantie. La meilleur comparaison possible, c'est la météo. Déterminer le vainqueur d'un match en fonction du pognon, c'est choisir sa destination de vacances en fonction du climat supposé. Comparer les budgets, c'est comparer les anticyclones. Entre Lisbonne et Bruxelles, il y a pas photo satellite! Sauf que parfois....

Idem pour un autre thème suriné durant l'avant-match: le palmarès des Lisboètes. On nous sert pour le coup, leur triple déception de la fin de saison dernière comme un formidable indice de la supériorité portugaise. Quelqu'un a-t-il remarqué qu'au contraire des leurs adversaires du soir, le RSCA a garni son palmarès en 2013?  En d'autre termes, il a fait formidablement beau toute la saison dernière à Lisbonne, hormis le moi de mai qui a connu des orages torrentiels. Pendant le même temps à Bruxelles, un soleil pâlot entrecoupé de draches passagères avant un mai radieux. A choisir...

Avant, pendant, et après la confrontation de hier soir, les médias nous ont également rabâché les oreilles avec le match à Malines du week-end dernier. Pour rappel, Anderlecht y a dessiné une superbe victoire 0-5. Un festival offensif, et une défense qui a tenu le "zéro derrière". Un petit bijou de victoire, me direz-vous! Sauf que pas du tout, au fil des commentaires, dans la presse comme durant la retransmission, cette victoire a perdu au fil des heures tout sa joliesse. Malines est devenu le "petit Malines", petit club de la petite Jupiler League, petite ligue de petite Belgique, voir de la petite belgique. Comment peut on espérer gagner en Cl, en jouant le w-e précédent contre le Malinwa? Infinitésimilation du résultat. Ah oui messieurs, dames! Benfica, c'est  "Autre Chose"!

Tellement plus grand, plus fort, que la victoire Achter de Kaserne en devient misérable. Une victoire qui ne mérite pas trois points, tout au plus 1 point et demi(deux secondes de réflexion...ca y est vous avez saisi!), Tout est si minable quand on le compare ô grand Benfica, illustre matador, grand, altier, qui enquille les victoires face aux grands d'Europe. Après avoir imposé ses vues à la Gorgone Méduse, après avoir terrassé la bête du Gévaudan, après avoir soutiré des excuses à Bashar El-Assad, pas plus tard que samedi, les benfiquistes sont parvenus à bout du terrifiant......Paços de Ferreira. Hum.Tellement plus mieux que les Yellow Red.


Et si, au lieu de mesure la distance qui nous éloigne du top européen, on nous parlait d'honneur?Et si la fierté remplaçait budget dans les colonnes des articles? E si l'orgueil enrichissait le vocabulaire d'avant-match? Et si l'on soulignait la combativité et l'agressivité, plutôt que l'infériorité technique et le manque d'expérience? Changeons de prétentions, changeons de lexique. Changeons la tête si nous voulons changer les jambes. Arrêtons de nous la jouer petit zizi...




jeudi 6 juin 2013

Voilà pourquoi il ne faut pas écouter Rodrigo Beenkens!

Source: Rtbf.be

L'immense Rodrigo Beenkens écrivait ce 20 mai, au lendemain du 32ème titre des mauves, une chronique très péremptoirement intitulée "Voilà pourquoi il faut arrêter les playoffs" sur le ouèbe ertébéen. Malgré l'énorme respect pour un des plus grands journalistes sportifs contemporains, ou plutôt à cause de l'admiration que je lui porte, je réagis. Un peu de craie blanche sur un tableau si noir.

Beenkens entame sa brève dissertation par une question: Comment expliquer notre système actuel à des étrangers? La question est légitime. En effet, le petit monde du football a depuis quelques années les yeux braqués sur notre beau pays. Au bar du club all-inclusive où vous passez vos vacances,  un allemand en tongues et chaussettes blanches, ou un anglais rougeaud et tatoué jusqu'au oreilles, ou bien encore le serveur espagnol vous interpelle et pose les constats suivants. Vos Diables Rouges ont progressé de la 66ème place au classement FIFA à la 12ème place en 4 ans(2009-2013). Comme par miracle, la Pro League qui ne plaçait plus d'équipe dans les poules de Champions League depuis 10 ans y figure depuis 3 ans.  Par un coup de baguette magique, une compétition qui bradait ses meilleurs joueurs pour deux Snickers et un Mars, négocie aujourd'hui à partir de 8 millions d'euros. Se faisant, dans une Europe traversant une crise économique profonde, le plat pays a vu, sans intervention qatarie, ses principaux clubs engranger des bénéfices à 7 voir 8 chiffres. Jens, John et Javier vous posent la même question :  Vous avez changé quoi depuis 2009? Et vous vous entendez répondre, incrédule peut-être: On a réformé le championnat...

Poser comme ceci, mon raisonnement se résume à dire que la réforme du championnat a généré le glorieux niveau actuel de nos Diables. Bien entendu, j'entends vos soupirs, cette conclusion ridiculise mon développement. Prétendre que les playoffs ont accouché seul d'un si bel enfant est absurde. Grotesque.

Mais d'un autre côté, affirmer que la refonte de la compétition n'a eu aucune influence de près ou de loin me semble, sorry Rodrigo, tout aussi inepte. La théorie de la "Génération Dorée" qui attribuerait aux seuls dieux du foot le talent de nos diables ne tient pas la route. Qu'on remercie le ciel et le hazard de s'être penché sur le berceau de l'un ou l'autre, passe encore. Mais pas quand nous alignons 10 ou 12 top-players. Des talents fous égayent chaque ligne de l'équipe, et ce n'est pas juste l'une ou l'autre superstar qui fait parler de nous hors de nos frontières.  Le type chez Panini qui devra choisir le diable à la vignette brillante dans l'album Copa Do Mundo Brazil 2014 va se gratter la tête. Mon constat va à l'encontre des idées mainstream répandues par Beenkens dans sa chronique, et s'oppose à l'air du temps fait, et défait, par les docteurs es football. Mon constat risque même de les blesser, des les torturer, aussi je prends de très grosses pincettes. Attention ça va faire mal. Je prétend que: éventuellement peut-être, sous certains points de vue, certains observateurs, peuvent, possiblement, émettre l'hypothèse d'une façon très générale que le niveau de notre football a progressé depuis la mise en place du nouveau système. Aie. C'est d'ailleurs, ce que nous disent, quand on veut bien les entendre, les étrangers à qui Rodrigo s'explique. Pas besoin de Jens, John et Javier pour enfoncer des portes si grandes ouvertes. Les colonnes de nos journaux encensent les diables matchs après matchs, au fil des semaines.

Néanmoins, peu ou prou admettent, par manque de discernement, par manque de clairvoyance, une quelconque influence de la réforme sur l'embellie. Bien sûr, la réforme n'est pas la raison, mais bien une des raisons. L'Histoire rendra grâce à Yvan De Witte.

Une telle révolution a de facto impacté nos clubs et leurs joueurs. Un exemple comme un autre. Le parcours psycho-dramatique du RSCA dans les PO1, je parle ici du pétage de plombs de VDB contre Monsieur Boucaut, de l'interruption des entraînements par les "supporters", et de l'intervention du sophrologue-professeur de danse John Troost, fait preuve. Indéniablement, cette épopée laissera des traces dans les esprits, les joueurs ont gagné en vécu. En s'extirpant malgré tout du mauvais pas, le groupe Mauve émerge grandit de l'histoire. CQFD.

Sans les PO1, Anderlecht savourerait probablement déjà son titre depuis belle lurette. Dans les championnats dits classiques, nous voyons tous arriver de loin les lauréats, méritant par ailleurs,  du Bayern, du PSG, de Manchester et du Barça. Les duels au finish entre deux cadors sont, qu'on le veuille ou non, l'exception. Avoir 4 prétendants au titre à 3 journées de la fin, apporte(pourquoi le nier?) un surplus de tension, un ajout de suspens, un je-ne-sais-quoi de valeur ajoutée à nos jolis mois de mai. Pour moi, supporter, comme pour les joueurs. Par quelle gymnastique de l'esprit peut on alléguer que la succession des matchs à enjeux en Bundesliga, en Premier league ou en Liga permet de passer un cap, et d'un autre côté, que chez nous, terminer les festivités par dix matchs-couperets tire nos joueurs vers le bas?

Notons par ailleurs, que l'une des différences notables entre l'ère Vandereycken et l'ère Wilmots se situe probablement dans l'origine des joueurs utilisés. Sous René, par choix, par dépit, ou par exotisme, les joueurs formés à l'étranger avait la part belle. Sous son règne, la mode était au made in Oranje (Vermaelen, Dembelé, Vertonghen, Swerts, Maartens, Tom De Mul), voir au Made in La France ( Hazard, Mirallas). Depuis 2009, la tendance s'est inversée. Dans le groupe élargi de Marc Wilmots, de nouvelles pousses ont fleuri. Courtois, Mignolet, Kaminski, Thorgan Hazard, Benteke, Lukaku, Lestienne et Vossen. Pas si mal comme moisson, pour une réforme si stérile. Un proverbe danois nous dit :"On ne moissonne pas du bon blé d'un mauvais champs".

La preuve de l'impact des playoffs étant faite, et attendu que nombreux sont ceux qui en font le procès, écoutons les arguments de chacun. Dans le rôle du procureur, Rodrigo Beenkens mentionne dans sa chronique un réel embrouillamini dans les règlements, les deux matchs de plus du Standard face à La Gantoise avant l'affrontement décisif pour le dernier ticket européen, et notre absence printanière en Europa League. Son réquisitoire se termine comme il l'a commencé: il faut arrêter avec les playoffs! Sur le banc de la défense, j'aligne 3 défenseurs en ligne, tactique osée s'il en est. Trois soutiens de votre connaissance, Jens, John et Javier. Je ne copie-colle pas leurs constats d'ici plus haut, mais je résume. Depuis 2009, nos joueurs ont progressés, leurs valeurs marchandes ont explosé et nos principaux clubs s'enrichissent en les marchandant, et en pérennisant leur présence en CL. Nos Diables impressionnent individuellement depuis quelque temps déjà, et collectivement depuis l'arrivée de Willy.


A vous de juger.




dimanche 11 novembre 2012

Hystérie Collective



La fédération française de football a décidé cette semaine de priver Yann M'Vila d' Equipe de France pour une période de 19 mois. Soit jusqu'à fin juin 2014, ce qui revient à priver le joueur de Coupe du Monde au Brésil. Pourquoi? Pour une sortie non-autorisée entre coéquipiers, trois jours avant un match des bleuets face à la Norvège en octobre.

Ce qu'on reproche donc à Yann M'Vila et à quatre de ses coéquipiers des bleuets, c'est donc une sortie sur les Champs Elysées trois jours avant un match de barrage pour l'Euro 2013. Les joueurs casernés au Havre, ont fait le mur, pour rejoindre Paris avant de rentrer aux petites heures. Bien entendu, cette sortie n'était pas autorisée pas leur coach Erik Mombaerts, et les sorteurs ont enfreint les règles fixées par ce dernier. Les médias hexagonaux ont tôt fait de relayer l'info, en insistant lourdement sur la terrible atteinte au football français qu'avait commis là ces malheureux bleuets....Avides de scandales, l'écart de conduite a été monté en épingle jusqu'à des proportions insensées par la presse.

Bien entendu, quand c'est explicitement interdit par le coach, c'est pas malin-malin. Mais bon la grosse affaire que ces 5 potes de 20 ans qui décident de se faire une virée. Décadence? Mais quel gamin de 20 ans peut ressentir l'envie de sortir? Tous, peut-être? Ah bon. Est-ce finalement un acte criminel d'aller faire un pas de danse et de draguer les gonzesses à leur âges? Bof. J'aurais plutôt envie de penser que c'est même sacrément important de décompresser quand on mène une vie de moine 365 jours par an. Les excès, c'est dangereux à 65 ans. A 20, c'est plutôt nécessaire. A moins d'en faire des Rain Men ne vivant que pour la compétition qui finissent par exploser en plein vol un jour ou l'autre, la FFF ferait mieux de lâcher du lest! Pas sûr que les enfermer sous clefs dans leurs chambres en attendant que leurs hormones les fassent sauter sur la femme de ménage soit la meilleure solution.....

3 jours avant un match

Voila le gros argument. Qu'ils sortent, mais pas 3 jours avant un match! Rendez-vous compte: 72 heures avant un match! Existe-t-il vraiment quelqu'un pour croire que cette sortie a eu un quelconque effet sur leur match? Y a-t-il réellement quelqu'un pour croire que ces athlètes jeunes et surentrainés ont pris 3 jours à ce remettre de quelques heures de sommeil perdu? Erik Mombaerts et Noel Le Graët ont probablement besoin d'une semaine pour récupérer après une soirée arrosée, mais pas M'Vila and Co! Si leur écart de conduite avait eu lieu la veille du match,  passe encore!  Inutile d'avoir fait 12 ans de médecine pour comprendre qu'après la sieste du dimanche après-midi, les gamins étaient à nouveau au top. La preuve par 9 qu'ils étaient fit: Mombaerts les a alignés le mercredi soir face à la Norvège....

D'autant plus qu'au regard des calendriers des clubs dans lesquels jouent ces footeux, ils sont toute l'année à 3 jours d'un match. Aux oubliettes le temps, ou on ne jouait que la samedi soir, avec le championnat, les coupes, la coupe d'Europe et les sélections, il y a toujours un match à l'horizon dans les trois jours. Se dire qu'il est interdit pour un joueur de sortir à trois jours d'un match, revient à dire qu'il leur est interdit de sortir tout court! Au cachot, du pain sec et de l'eau! Ainsi on fête les victoires et les défaites de la même façon: un supo et au lit. L'électrocardiogramme de l'ennui pour tous, tout le temps.

Esprit d'équipe

Autre argument de poids souvent entendu, ou lu: le manque d'esprit d'équipe. Sébastien Corchia, le capitaine des Espoirs le déplorait lui même dans la presse: la virée du quintet c'est pas le top du team spirit. Sous-entendu: ah les salauds, ils auraient pu m'inviter!  Aujourd'hui, les grands clubs et pays européens ont tous des experts en team-building pour expliquer à tout le monde ce que tout le monde sait.  Je vous explique en une phrase ce que les experts es management prennent 12 mois par an à expliquer aux entraineurs: Les joueurs formeront et se sentiront une équipe quand ils auront vécu ensemble une série de moments privilégiés. En gros, ces spécialistes essaient de créer l'osmose à longueur d'année par des tournois de ping-pong, et des ateliers cuisine. En allant s'en jeter une derrière la cravate après le match, ca prendrait ...deux semaines. Selon moi, M'Villa et ses potes sont bien plus doués en esprit d'équipe que les 15 autres qui sciaient des buches dans leurs piaules!

Récemment, des journalistes en panne d'inspiration noircissaient des km de papier en s'offusquant du comportement de ces footballeurs qui porte le casque stéréo. (Vous remarquerez que ces derniers trouvent toujours quelque chose à redire quand un quidam se met un truc sur la tête). A les lire, les footeux mélomanes souffraient à peu de chose près d'autisme, et tout cas de sérieux problème de sociabilité. Remarquons que quand ces même footeux enlèvent leurs oreillettes (plus de batteries probablement...), qu'ils se mettent à discuter et à rigoler entre eux, et qu'ils décident de prendre à bras le corps leur grave problème de sociabilité en sortant sur les Champs.....C'est pas bon non plus.

Hystérie Collective

Car en France, suite au cataclysme Knysna, on ne rigole avec les atteintes à l' équipe de France. Une véritable hystérie a saisie l'hexagone. Depuis 2 ans, porter préjudice à l'EDF est plus grave que de commettre un vol à main armé, et à peine moins que l'exil fiscal. Tony Musulin est plus cool que Patrice Evra, et seul Bernard Arnaud est plus honni qu'Anelka. Douce France, pays où l'atteinte au maillot (même à la version Jean-Paul Gauthier!), est sur le point de rentrer dans le code pénal. Dix-neuf mois de suspension ca peut paraitre sévère mais si j'étais M'Vila et consorts, je remercierais Badinter.




mardi 18 septembre 2012

Le salaire de la honte


40 millions d'euros. Voila sans doute le chiffre à retenir du mercato belge. Le montant dépensé deux fois cet été pour attirer deux pépites noirs-jaunes-rouges. Le départ d'Hazard vers les sommets du football européen était attendu de longue date. Eden avait annoncé ses envies d'ailleurs et tout le monde, de Zidane à Ferguson, le draguait. Le transfert d'Axel Witsel était lui moins attendu. Il y a un an, lorsqu' Axel quittait Liège pour Lisbonne, de nombreux observateurs doutaient qu'il s'agisse là d'un véritable pas en avant. Certains s'imaginaient que le Benfica et Standard jouaient dans la même division. Aujourd'hui, force est de constater qu'Axel avait vu juste. Bravo à lui, car savoir diriger sa carrière, c'est aussi l'apanage des grands joueurs. En un an il est devenu un incontournable de nos red devils et l'un des tout meilleurs (et plus chers) médians d' Europe. Alors que les médias nous annonçaient Witsel plutôt en Espagne ou in UK, c'est finalement le Zenith Saint-Petersbourg qui a chopé la floche.

A Question idiote...

Une fois de plus, un club russe attire un talent à force de roubles. Un gros sac de rouble pour le coup. Et une fois de plus, la meute des journalistes assaillent l'heureux émigré de la même curieuse question: "C'est pour l'argent?"

J'ai beau cherché dans ma mémoire, je ne me souviens pas d'un joueur ayant répondu par l'affirmative à cette question. A question idiote, réponse idiote. Nous avons le plus souvent droit à une belle langue de bois. Certains ont beaucoup apprécié le projet du club, d'autres ont senti dans les discours de l'entraîneur et du président qu'ils étaient vraiment désirés. Bien sûr certains sont plus honnêtes que d'autres et concèdent que l'argent a joué un rôle, en tempérant tout de même par un très à la mode : "Si je jouais pour l'argent, j'aurais signé plutôt à Outsiplou-les-bains-de-pieds...".  Le pognon, oui....mais pas trop.

Cette foutue question est lourde de sens. Comme si les journalistes étaient jaloux du type vers qui ils tendaient leur question. Ces micros tendus sont comme des lances, des piques, prêts à transpercer le zique nouvellement plein aux as. "Votre transfert, c'est le choix de l'argent?" L'air de dire: " Tu serais pas un abominable cupide, connard?"  Mais finalement qu'est ce qu'on leur reproche à ces joueurs de foot? Qu'est ce qui dérange tant? Les footeux sont-ils foncièrement mauvais car ils signent des contrats à 6 zéros?  A-t-on jamais vu un illuminé refuser de gagner au lotto?

Le salaire de la honte...

Bien sûr, les sommes astronomiques parfois atteintes sont parfois dérangeantes, choquantes, à tout les coups interpellantes. Voilà bien une idée qui est dans l'air du temps, qui alimentent les discussions, qui est très politiquement correcte. Car oui, en France comme en Belgique, il est de bon ton pour  les politiques de tirer à boulets rouges sur ces nouveaux riches, ces fortunes bien mal acquises. Notamment les ministres Jérome Cahuzac et Nadia Vallaud-Belkacem qui se plaignaient il y a quelques semaines du salaire indécent et choquant (14 millions d'euros) d'Ibrahimovic au PSG. Voila la question que se pose l'opinion publique aujourd'hui: "Est-il normal de gagner 1,3, ou 14 millions d'euros par an quand des milliers de personnes dorment dans la rue chaque nuit?" Voila l'air du temps, voila ce qui flotte dans nos rues, nos journaux, nos émissions de TV. Le salaire du suédois est le salaire de la honte. Au final, voilà ce qu'on retrouve en concentré dans la question :" Ce transfert, c'est pour l'argent?" Plus qu'un question, c'est un reproche déguisé. Plus qu'un reproche, une accusation.

D'abord, on se trompe de coupable, si coupable il y a. Pour quelle raison le striker devrait faire une croix sur son gros tas d' oseille? Witsel et consorts n'ont absolument aucune raison d'être gêner de gagner de l'argent dans l’exercice de leur métier. Bien entendu le salaire n'a aucune commune mesure avec la pénibilité du job, mais ils monnaient leur talent comme tout autre travailleur. Ceux qui devraient être dans la ligne de mire, c'est bien sur ceux qui allongent!  Les demi-fous qui investissent des millions d'euros dans un club de foot dans le but de gagner des coupes et des championnats. Ce qui est malsain, ce n'est pas d'être payé 3 millions d'euros par an pour taper dans la balle, mais bien de payer ce salaire dément!

La couronne de lauriers...

Au lieu de se demander si Ibracadabra est vénal, on ferait bien mieux de demander à  Nasser Al-Khelaïfi pourquoi il n'investit pas ses millions dans la construction d'orphelinats! Avec ces millions d'euros, on peut en faire des choses! Ce sont ces milliardaires qui alimentent la bulle spéculative du football moderne, et ce sont eux les coupables du malaise dans les discussions du café des sports. Si l'argent leur offre déjà pouvoir,  villas luxueuses et belles carrosseries, il leur manque bien souvent le prestige. Et ces entasseurs de billets vont le chercher dans le sport, et dans le plus mieux de tous: le football. Avoir son nom associé dans la même phrase, de l'autre côté du verbe, à Beckham ou Kaka, est un puissant dopant pour les égos avides de reconnaissance de ces nouveaux riches.

Et ça marche. Pour preuve, en 2000 seuls les abonnés à Forbes connaissaient l'oligarque russe, alors qu'aujourd'hui l'influence et la renommée d'Abramovitch sont mondiales. En 2008, seul Bruno Metsu connaissait le tennisman qatari. Aujourd'hui de Boulogne à Auteuil, tout Paris remercie Al-Khelaïfi à genoux. Quand Abramovitch mets 40 millions d'euros pour Hazard, ce n'est pas un footballeur qu'il s'offre, ce n'est pas la plus grosse promesse du foot européen qu'il se paie,  c'est un servant pour porter sa couronne de lauriers.



vendredi 17 août 2012

L'homme qui ne valait pas 3 milliards




Steve Austin valait 3 milliards, il était l'homme qui valait 3 milliards. Pas 1.8 milliards, pas 3.6 milliards. 3 milliards. Pendant 4 saisons et 99 épisodes, Austin a vécu pas mal de déboires et d'aventures, mais il a toujours pu se baser sur une saine certitude: il valait invariablement 3 milliards.

Tout le monde ne peut pas en dire autant. Un héros d'un autre temps, un héros de notre temps n'as pas la légitime chance de connaitre sa valeur. Au fil des saisons et des épisodes, il vaut successivement 100.000 euros, 500.000 euros, 300.000 euros, 1.200.000 euros et enfin 2.500.000 euros. Jérémy Perbet doit être bien jaloux de Steve Austin.

Voici 18 mois, l'attaquant français valait peanuts au Daknam, les productions Maes-Lambrechts n'avait produit que 5 petits épisodes de ses aventures. Ça fait peu pour montrer ses super-pouvoirs. Heureusement pour lui, les productions Van Wijk-Leone croient  un peu plus en lui. Ils proposent 100.000 pour racheter les droits. Que nenni, Lokeren veut 500.000!  L'affaire est proche de capoter et Perbet se lamente dans la presse...Lokeren est trop gourmand, il a terriblement envie de rejoindre Mons, quelle terrible injustice que de le laisser moisir dans les limbes du banc et de tribunes Oost-flandriennes! Il est clair: il ne vaut pas 500.000 euros!

Au final, les dragons ouvrent le porte-monnaie et allonge 300.000 euros. Bingo! L'investissement est rentable, le ponot poursuit sur sa lancée de 2011 et enfile 25 perles en 2011-2012.  Le buteur réalise sa meilleure saison, il est à la première place du box-office des buteurs. Le public montois, les dirigeants montois, tout le monde est content.

Non pas tout le monde. Le striker, n'est pas content. C'est un héros mécontent. Pourquoi? Car, Mons est trop gourmand (défaut décidément très répandu chez les pensionnaires de Jupiler League). La Parma veut que le buteur viennent sauver le monde du côté du Stade Ennio-Tardini. Mais,  les protagonistes ne sont pas d'accord. Les parmesans proposent le million,  Mons en veut deux et demi. Se joue alors une comedia dell arte  toute italienne. Leone enfile le masque du bluffeur et prétend avoir une offre du Standard à 2.2 millions. Bugiardo! Dans ces condtions, l'intérêt des transalpins s'étiolent, et Perbet joue les vierges effarouchées. "On m'avait promis de me laisser partir en cas d'offre raisonnable" se plaint-il dans la presse...

Las...la valeur d'une parole d'homme dans le milieu de foot ne vaut pas tripette. Rappelons nous, à ce sujet, la décevante mésaventure de Roland Duchatelet et Saint-Trond en janvier 2010.  Les canaris croyaient avoir trouvé un buteur patenté, le joueur avait même promis de signer chez eux. Mais hélas, 3 milliards de fois hélas, le joueur n'a pas tenu sa promesse, et dans les heures qui suivaient, paraphait à Lokeren provoquant l'ire et le dégout du président Duchatelet. Mais comment s’appelait ce joueur? Ah oui....c'était Jéremy Perbet. Ce héros pas fiable....pour un sou, et mécontent. Mécontent, car oui, vraiment, il est catégorique: il ne vaut pas 2.500.000 euros!

En 1974, la médecine donnait des jambes, des bras et un oeil bionique à Steve Austin. En 2012, la médecine donne un arrêt de travail à Jérémy Perbet. Pour le progrès, on repassera.  Le buteur est blessé dans son for intérieur, et a un médecin conciliant. En effet, à l'en croire, le RAEC Mons est un goulag moderne, un Alcatraz hennuyer! Mais qu'ils sont vilains les dirigeants montois! Eux qui ont été le chercher dans la tribune du Daknam pour lui donner un beau salaire, l'occasion de jouer au football toute la journée, et de montrer à tous ses talents. Austin et ses amputations connaissait bien mieux la valeur d'une main tendue. Ah ...Perbet, ce héro mécontent, peu fiable et terriblement ingrat.

Dans les travées du Tondreau, il y a des types qui se prénomment Carlo, Luigi ou Mario. Des types fiers, travailleurs, ombrageux. Des types qui bossent dur, dans des usines qu'ils n'aiment pas. D'ailleurs, parfois ils n'aiment pas leur boulot non plus. Mais au moins, ils en ont un, c'est pas si mal. Ça leur permet de se payer, en sacrifiant un week-end à la mer, ou un resto en famille, un abonnement au stade Tondreau.
En espérant y rêver un peu, en regardant leur équipe affronter les ténors. En regardant Jérémy Perbet, et ses buts à répétition. Ce joueur de football, ce type qui a un boulot en or. Comme ses collègues, pas plus, pas moins, il est payé beau et cher pour prendre le bon air et faire du sport toute la journée. Avec un staff de quinze personnes le soignant, veillant à bien lui préserver des plages de repos. Au même moment, Carlo, Luigi et Mario se battent avec le haut fourneau. Et si jamais, ils leur prenaient l'envie de brosser le boulot ne serait ce qu'une petite heure, quand Perbet fait l'impasse sur 15 jours, ils décrocheraient un joli trophée, un c4. Mais voilà, eux, ils sont du mauvais côté de la pompe à fric. Carlo and co pompent, Jérémy raplique. Ce héros mécontent, peu fiable, ingrat et irrespectueux.

Perbet ne vaut pas 2.500.000, pas non plus 1.200.000, ni 500.000, ni 300.000, ni même 100.000. On ne sait pas ce qu'il vaut, mais on sait ce qu'il ne vaut pas: Carlo, Luigi et Mario ferait mieux de chercher un nouvel héros...



mercredi 8 août 2012

Grande gueule!


Au moment de s'étendre sur les ambitions de son Club de Bruges, Bart Verhaeghe est très clair. Le titre, le titre et le titre! Le président brugeois est issu du milieu des affaires et sait arriver à ses fins. Quand il veut, il peut. Dans le monde froid des affaires, dans le monde de requins des entrepreneurs, Verhaeghe a fait son trou au point d'atteindre le top 100 des belges les plus fortunés... à seulement 46 ans.

Mais au delà du financier, Verhaeghe est un homme. Un homme avec un coeur qui bat, qui bat pour le Club de Bruges dont il est fan depuis toujours. Alors en 2010 quand il a l'occasion, et les moyens, de rentrer dans la direction du club, il n'hésite pas: il fonce! Un an plus tard, il remplace déjà Pol Jonckheere au poste de président, et se lance dans la professionnalisation à outrance. Les méthodes qui ont fait de lui un entrepreneur à succès sont  copiées/collées au FCB. Les campagnes de recrutements se font plus ambitieuses, on recrute de l'international avec Hogli, Rafaelov, Zimling. On recrute également au FC Barcelone avec Vazquez, ou encore des serials buteurs avec Vleminckx, Tchité, Bacca. Et quand, Koster s’essouffle à la tête de l'équipe, Verhaeghe va chercher un nom, Christoph Daum. Ça faisait longtemps qu'on avait plus vu un calibre comme ça en Belgique!

Mais le teuton ne fait pas de vieux os en Belgique, et il faut partir à la recherche d'un nouveau cador. Imaginons un instant, le profil-type qu'un club comme Bruges dessine pour le costume de T1.... Ou plutôt, imaginons un instant, comment un businessman comme Verhaeghe établirait le CV idéal.

Dans le monde de l'entreprise, quand une firme cherche à pourvoir un poste, que cela soit magasinier ou directeur des ventes, une expérience assortie de résultats dans le domaine est bien souvent exigée. D'autant plus quand l'entreprise émarge du top dans son rayon, un challenger peut prendre des risques, pas un leader. Dès lors, quand le Club de Bruges cherche un coach, on peut s'attendre que l'heureux élu ai un palmarès bien rempli. De nombreuses coupes qui montrent à tous que le bonhomme est capable de garnir l'armoire à trophées.  Si on cherche un candidat pour gagner le Tour de France,  on n'engage pas le 17ème du Tour d'Algarve, mais plutôt le triple vainqueur du Giro! D'autant plus quand on est prêt à payer le type 1.2 millions d'euros par an!

Dès lors, si j'étais dans le CA du FCB, je me serais mis à éplucher les palmarès en Belgique, aux Pays-Bas, et ceux des championnats de niveau équivalent à notre Jupiler League...Quelques noms en serait sorti comme ceux d'Ariel Jacobs, de Franky Vercauteren, de Michel Preud'homme, de Böloni, de Peter Maes, de Frank De Boer., entre autres....Mais perdaf, qui est l'heureux élu, Georges Leekens!  Qui se pose là en matière de palmarès: vierge depuis 20 ans! Autant dire qu'on est loin du profil recherché, surtout qu'avec ses 63 printemps, on ne peut pas non plus le ranger dans la catégorie des jeunes qui montent....

Cette nomination a quelques de chose d' intriguant et de rassurant à fois. Intriguant tout d'abord, car malgré le manque de résultats de Mac The Knife, et son incroyable penchant pour les coups de couteaux dans le dos (Excelsior, Courtrai, Diables Rouges...), un type aussi sensé, terre à terre, et près des chiffres que Verhaeghe se fait berner par ses boniments.  Car Leekens, c'est la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf . Il parade, il pérore, mais il ne gagne pas. Il ne gagne jamais. A l'entendre, il a fait plus pour le football belge en deux ans à la maison de verre que les coachs fédéraux des 30 dernières années. Dans les faits, les coachs des 30 dernières années, et l'ensemble de l'Europe du foot se demandent pourquoi nous n'étions pas en Pologne et en Ukraine!

Loin de moi l'idée de noircir la tableau. Leekens a des capacités et pour une bonne douzaine des clubs de notre élite, le choisir, c'est l'assurance de faire une bonne saison. Pas une très bonne, mais une bonne saison. Les fanas de Long Couteau m'attaqueront sur le palmarès en disant que durant toutes ces années, il n'a jamais été aux manettes d'un des grands du pays. Juste! Mais Peter Maes a gagné la Coupe de Belgique avec Lokeren, là ou Leekens n'a rien gagné. Mais Preud'Homme a également gagné la Coupe de Belgique avec La Gantoise, là ou Leekens n'a également rien gagné. Et que dire des perfs tels que la victoire en Coupe de Belgique de Jacobs avec La Louvière en 2003, le titre en 2011 pour Genk et Vercauteren! Aucun exploit de ce genre à l'actif de Georges! Jacobs et Vercauteren, pour ne citer qu'eux, ont connu des moments difficiles avec la presse, malgré les bonnes performances. Tonton Georges, lui, s'éclate avec la presse. En interview, il se régale, il sourie, il pavane, il est le roi.

D'un bon mot, d'un clin d’œil, il transforme une défaite à domicile en une victoire à l'extérieur. En un tournemain, après une défaite 3-1 bien tassée en Allemagne, il affiche ses diables comme les seuls a avoir fait douter la Mannschaft durant 30 minutes depuis 2 ans... Impardonnable grande gueule! Quand j'écoute une intervention à la TV de Leekens, je bois le miel de ses paroles. Je souris béatement à ses sourires,  je perds toute subjectivité et je lui pardonne tout ses sales coups.  On lui donnerait le bon dieu sans confessions, d'ailleurs on l'a fait en le mettant à la tête des diables. C'est pourquoi, comme je le disais plus haut, sa nomination à Bruges est également rassurante. Car le type est sympa, et se dire que mêmes les puissants comme Verhaeghe se font pigeonner, oui... je trouve que ça a quelque chose de rassurant...


dimanche 12 février 2012

Les doloristes.

Ce billet est une suite de "Le foot est une religion comme les autres!", que vous pouvez lire ici.

Les avis se partagent sur l'origine de dieu et de l'Homme. Qui fût le premier , qui a crée le second? La question revient à se demander si l'on croit, ou non.  Par contre, il n'est pas de doutes sur les origines de la religion et du football, ils sont l’œuvre de l'homme. Dès lors, il est logique que l'on retrouve un peu de l'auteur dans les œuvres.  Et si l'on se met à considérer le football comme une religion comme les autres, on peut très vite lancer des ponts pour relier ces deux rives de l’œuvre humaine. Jetons, par exemple, un coup d’œil sur cette très terrienne propension à se faire mal. Car, oui, le football et la religion ont une relation privilégiée à la douleur. Aussi bizarre que cela puisse paraître, des fidèles et des supporters ont toujours lié mortification et passion, la souffrance et l'ardeur.

Felipe Alvarez est un illustre inconnu pour la majorité d'entre nous. Ce jeune colombien partage pourtant le gène du football avec nous. La passion, il la connait. Son club, c'est l' Athletico Nacional. Las de porter le maillot à rayures vertes et blanches, il a eu la fantaisie de le graver dans sa peau, dans sa chair. Par amour pour son cercle et pour le martyr Andres Escobar,  Alvarez a accepté de subir la torture de la roulette. Et pas celle de Zizou, celle qui vous injecte l'encre dans la carne ad vitam aeternam. Quelle drôle d'idée, j'en conviens. Pourtant, quand on sait que la Colombie est un pays pieux, il n'est pas vain de chercher l'influence de la Bible dans cette affaire là. Dans l' ancien testament, cette première mouture des lois du jeux, le roi David était déjà un aficionado de la douleur. Après avoir foudroyé Goliath d'une cahouète en pleine lucarne, le jeune berger devint roi, et ne cessa de, conjointement, mener la guerre et vénérer Dieu. Dans le cadre de la première de ses activités, David disposait d'un général de talent: Urie le Hittite. Si Urie avait du talent, sa femme Bethsabée en avait encore plus.Pour avoir les coudées franches, David envoya Urie jouer un match a l'extérieur qu'il ne pouvait pas gagner. Urie périt en héro pendant que son roi faisait un remake de "John Terry and Wayne Bridge's WAG". L'épisode est resté célèbre, ainsi que la chansonnette entonnée par le souverain pour arriver ses fins avec la belle: "Bethsabée...Bethsabée mucho...". Mais bien vite, Dieu toqua à la conscience de l'ardent souverain. Et, bien vite David s'amenda. Pas de carte rouge, pas de suspensions, mais David s'engagea sur la même voie que Felipe Alvarez : la douleur. Il opta pour le sac et la cendre : une camiseta de jute et un plongeon, non pas dans le rectangle, mais dans la cendre. Aïe, ça gratte... Le foot et la religion ont amené Felipe et David, par amour ou par expiation, à revêtir un habit de souffrance. Si ces deux exemples peuvent paraître éloignés, une petite visite chez le tatoueur vous prouvera le contraire. Pour orner son mollet, son avant-bras ou l'épaule, les crucifix et écussons de l' AC Milan, ont toujours la côte. Tandis qu' au rayon initiales, le succès des INRI et INTER ne se dément pas. Nul besoin d'une étude sociologique pour se rendre compte la clientèle de ses décorateurs, se trouve plus dans les travées des stades que dans les rangs des Amicales Philatélistes, plus sur les bancs de prière que sur jefaisdupatchwork.com.

Mais ces choses doivent être dans la famille car un descendant du bon roi David, connu sous le nom de Jésus de Nazareth, fit lui aussi preuve d'un penchant pour la souffrance. Avec des déclarations bien senties comme: " Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends lui aussi l'autre",  il entra direct dans le Hall of Fame des doloristes de tout poil. Le fils de Dieu jugea également bon de se confronter aux éléments en trekkant dans le désert durant 40 jours. La tête dans les nuages, il omit de se prépare un gueuleton et jeûnât 40 jours durant. Par amour pour son papa, il affronta les sévices de la soif,  la brutalité de la faim, les morsures du froid, et pâtit de la chaleur. Deux mille ans plus tard,  affronter les éléments est toujours une activité appréciée des footeux. Dans ce domaine, le cas du mythique Patrice de Péretti, alias "Depé" est frappant. A l'aube des années 90,  ce jeune supporter marseillais suit de près la grande époque de équipe phocéenne. Impressionné par des supporters de l'AEK Athènes en visite au vélodrome, il prît le pli de les suivre dans leur façon d'encourager les leurs: torse-nu nonante minutes! Si cela n'a rien d'une performance dans les douces soirées méditerranéennes de Massilia ou d'Athènes, Depé ne se démonte pas en déplacement et met un point d'honneur à conserver la tenue d'Adam par tous les temps. Même l'hiver berlinois et les moins douze degrés qui l'accompagnent n'y feront rien,  la passion pour l' Ohaime de Depé était plus forte que le froid, la douleur, que tout. Dix après sa mort, son exemple est toujours suivi dans les stades, et au détour d'un arrêt de jeu ou d'un changement, les réalisateurs de télévision se régalent toujours de nous montrer la virilité des certains acharnés en hiver. Les amateurs de tennis ou de polo font généralement preuve de plus d'humilité face à Mère Nature.


Enfin, la douleur dans le foot c'est aussi la violence, et qui dit violence dit hooliganisme. C'est un processus curieux qui pousse certains extrémistes à passer du tatouage au poing dans la figure. De recevoir à donner. Quand des fans ultras de Liverpool, de la Juve, ou de Besiktas traversent leur pays ou l'Europe pour suivre leurs équipes, et qu'ils se retrouvent à 40 parmi 40000 supporters adverses, ils sont tels des missionnaires. Ces religieux que l'on envoient apporter la bonne parole dans les terres impies. Seuls face à la multitude, leurs destins rencontrent eux aussi souvent la violence. La violence de leurs préceptes rencontrent souvent la violence physique. Dès l'origine, les apôtres, enviant probablement les souffrances du Christ, s'en allèrent aux quatre coins du monde afin d'évangéliser les masses hérétiques. A l'époque, prendre son bâton de pèlerin et aller crier les gloire de Dieu à Jérusalem, à Rome ou en Arménie était aussi courageux que d'aller, aujourd'hui, proclamer la supériorité du PSG sur la Canebière. Admettons qu'il faut une bonne dose de témérité pour annoncer à des peuplades lointaines que leur dieux sont des faux-dieux, que seul Dieu existe, et enfin que si les impies persistent dans leurs méprises, les enfers leurs sont promis. Exactement comme celle qu'il faut pour aller scander des supputations sur les activités professionnelles des génitrices des fans adverses, alors que ceux-ci sont dix fois plus nombreux. Si les missionnaires se contentaient de chanter la splendeur et l'infini bonté de Dieu, et si les supporters se limitaient à exhorter leurs joueurs chéris, les débordements seraient plus rares. Dans le supporter en déplacement, comme dans le missionnaire, il y a une bonne dose de provocation: Je viens de loin, et moi je sais ce qui est bon, pauvres mécréants!  Bien que sporadique et regrettable, on en arrive aux mains. Saint-Etienne fût lapidé à Jérusalem, Saint-Barthélemy fût écorché vif à Albane en Arménie, et Saint-Pierre fût crucifié la tête en bas à Rome. Le privilège d'une mort douloureuse donne aux missionnaires le statut très envié de martyr, et des grosses chances d'accéder à la canonisation. Quant au hooliganisme, la société civile condamne à juste titre l'ensemble des débordements. Mais vu depuis l'autre bout de la lorgnette, vu depuis le sein de ces groupuscules, la participation aux bastonnades et autres coups de mains est le passeport vers une certaine noblesse hooligan. Avoir le nez cassé, ou deux dents de moins, mérite assez bizarrement le respect. Le supporter et le missionnaire qui éprouve physiquement la douleur gagnent, parfois de façon posthume, la vénération de leurs coreligionnaires. Pour le foot du moins, car les amateurs de saut à ski s'échangent, eux, moins de bourres-pifs.

Ainsi vont les religions, pour prouver sa passion il faut endurer le tatouage, vaincre les éléments et échanger les baffes. On supporte la douleur comme on supporte une équipe. Est ce finalement un hasard si le dernier chemin de douleur de Jésus de Nazareth est appelé Passion du Christ?

Ce billet est une suite de "Le foot est une religion comme les autres!", que vous pouvez lire ici.

samedi 28 janvier 2012

Le football, cette Arlésienne.




Aujourd'hui, en 2012, le football est toujours le sport-roi. Partout, tout le temps. Même peut-être plus que jamais. Et même plus que jamais plus. En suivant Hegel, nous sommes au sommet du cycle,  le point de développement ultime est atteint,  une longue décadence va suivre. En suivant Lizarazu, la vague a atteint son peak, elle s'apprête à casser. Tel un kitesurfer en plein vol, le football n'a plus les deux pieds sur terre. Les quelques instants d'apesanteur et d'euphorie ne durent jamais. La gravité reprend toujours ses droits. Pour préparer l’amerrissage, encore faut-il savoir être en plein vol.

Incontestablement le football est partout. Bien plus que dans mon adolescence d'ailleurs, âge tendre où l’idolâtrie pour le ballon rond naquit. L'arrivée du net donna au football un nouveau terrain de jeu où plonger ses tentacules. Nous avons tous 3,4,5,...11 sites de pronos, d' infos mercato, et de groupes de supporters dans nos favoris. Presse et télévision semblent, de prime abord(!) suivre le même élan: les moyens déployés ne cessent de grossir et les droits TV sont faramineux.  Quant les droits TV de la Ligue 1 s'élevaient en 1984-1985 à 2 millions d'euros par an, nous parlons aujourd'hui de 668 millions d'euros par saison pour le dernier contrat en cours...

Devant cette augmentation exponentielle, les fédérations et les clubs auraient pu se frotter les mains et profiter de cette manne pour assurer à long terme leurs subsistances. Bien entendu, ils n'en firent rien et préférèrent, en bons capitalistes mais mauvais gestionnaires qu'ils sont, trouver le moyen de presser encore un peu plus le citron. La commission européenne leur fût d'une aide précieuse, en préconisant en 2003, la vente des droits en lot. Avant 2003, le propriétaire des droits disposait entièrement des images des matchs. Depuis 2003, les diffuseurs répondent à des appels d'offre pour la retransmission des matchs du samedi soir, et/ou du dimanche après-midi, et/ou des résumés, et/ou etc..Somme toute, le calcul était bon. Avant 2003, on nous vendait des kitesurfs complets à 100 euros pièce, depuis 2003, on nous vends une planche à 50 euros, des filins à 50 euros et un cerf-volant à 50 euros: jackpot! A court terme, c'était bien vu.

Pourquoi à court terme? Nous sommes là face à un premier paradoxe. Si le montant des droits a explosé au fil des ans, à l'inverse,  la disponibilité des matchs et des résumés pour les amateurs à diminuer dans la même mesure. En saucissonnant l'offre à l'extrême, les diffuseurs disposent d'une partie de plus en plus réduite du spectacle. Dès lors, les amateurs de foot ont, au final, moins d'heures de foot à disposition! A moins de contracter plusieurs abonnements à Canal+, Orange et je ne sais qui encore, le supporter de Nancy ou d'Evian ne peux suivre son équipe, avec un peu de chance, qu'une à deux fois par an en Coupe de la Ligue ou en Coupe de France! Même pour visionner un court résumé du match du w-e, il faut ouvrir le porte-monnaie. A moins de se satisfaire des 5 secondes d'images lors du JT sur France3  Lorraine ou de France 3 Rhônes-Alpes. En effet, un téléspectateur lambda qui ne disposerait que des chaines nationales gratuites doit se contenter en France de l'hebdomadaire Téléfoot. Les dirigeants de la Ligue 1 sont des sadiques!

J'en arrive à un second paradoxe. La vente des droits garantissant l'exclusivité à un seul diffuseur a abouti dans les médias l'émergence de phénomènes comme Téléfoot. Outre le niveau proche du zéro absolu de l'émission et de ses animateurs ( ne salissons pas le terme "journaliste"), constatons qu'il ne s'agit là plus du tout de football. Téléfoot n'est une émission de foot, c'est une évocation du football. La rubrique Zapping comporte les seuls instants durant lesquels on peut apercevoir un gars en short avec un ballon au pied. Ca dure 4 fois 8 secondes, et c'est filmé avec un GSM. Avant et après c'est de la pub, une interview d'un joueur marseillais sur fond noir(Marseille peut-il être champion?), une page de pub, une interview de Samuel Etoo(Le Cameroun peut-il gagner la coupe du monde?), une page de pub,  un reportage sur Cristiano Ronaldo( le Real peut-il être champion?), une page de pub, et pour finir l'avis de Lizarazu ou Barthez sur les chances de la France à l'Euro. A la fin de Téléfoot, j'ai le sentiment d'avoir été roulé.

Téléfoot, c'est comme se promener dans un musée où l'on aurait décrocher les tableaux. L'atmosphère y est, pas l'art. Et si en présence de l'art, les spectateurs gardent le silence, ont les regards plongés dans les œuvres, le cœur prêt à chavirer, et les émotions en pagaille. En l'absence de l'art,  plus personnes n'observent le silence et très vite on discute, on échafaude, on évoque : "Ce musée serait sur le point d'acheter une œuvre d'art contemporain! Ah! Non! Pas ça! Rien ne remplace les impressionnistes! D'ailleurs, j'ai entendu qu'ils seraient sur le point d'échanger un Matisse contre un Gauguin avec le Guggenheim!" Voilà, et un peu plus tard on invente artmercato.net.

Car bien entendu, des sites comme footmercato.net sont de la même veine. On évoque, on suppute, on feuilletonne , on épisode. Beckham viendra, Beckham viendra pas, Beckham viendra, Beckham viendra pas. Tevez viendra, Tevez viendra pas, Tevez viendra, Tevez viendra pas. Une véritable nébuleuse de sites du genre a trouvé sa place dans nos bookmarks.  Certains proposent une vision décalée, ironique et parfois une belle plume comme les Cahiers du foot ou So Foot, et d'autres une véritable expertise comme France Football, mais l'immense majorité usent des claviers vainement. Mais, notre supporter de Nancy ou d'Evian aurait la saugrenue idée de mater le résumé de samedi sur le net qu'il pourrait toujours se gratter.

En cédant les droits au plus offrant, la Ligue 1 fait le choix de couper le cordon ombilical qui lie le football à ses fans: les matchs, les 90 minutes. Car ce sont les matchs, les surprises, les derbys, les révélations qui font naitre les passions. Au stade, ou devant la TV, on se prend à rêver. D'autre matchs, d'autres surprises, d'autres derbys et d'autres révélations entretiennent la passion et font naître l'espoir. Car il y a, aujourd'hui, des passionnés plein d'espoirs en France, il se trouve des clients pour payer le droit de regarder le foot à la TV. La grosse erreur, c'est de ne s'adresser qu'à eux et uniquement à eux. Les dirigeants choisissent de plus s'adresser qu'à cette cible. Le robinet à images est coupé pour tous les autres, les instances du foot français organisent le sevrage de l'immense majorité de leur public. Privé de résumés, de matchs, le gamin de Lorraine ou de la région Rhônes-Alpes se détourne tout naturellement vers le Barca, le Real, Manchester ou encore Arsenal! Un gamin de 16 ans a instinctivement besoin d'un Théâtre des Rêves, et pas les moyen de se payer Marcel-Picot, ni les résumés de l'ASNL sur Orange.fr! A moyen terme, c'est le renouvellement du public qui est compromis. La Ligue scie la branche sur laquelle elle est assise.

Téléfoot, footmercato.net  et toutes cette constellation de phénomènes qui vivent dans la galaxie du football ne sont ni inutiles, ni foncièrement néfastes. Ils sont l'ombre du foot qu'ils suivent pas à pas. Il y a peu, la lumière a été éteinte. Et bientôt, on se rendra compte que l'évocation, le reflet, ne sont pas suffisant pour entretenir la flamme du foot dans le cœur des supporters. Très bientôt, l’amerrissage....

jeudi 19 janvier 2012

Chronique de la fin des mercatos


Au mois de novembre dernier, Bart Goor a rejoint les rangs de Westerlo, et ce, hors des périodes de transferts habituelles. Suite à la rupture unilatérale de son contrat par le Beerschot AC, le milieu gauche a pleinement profité de l'article 913 du règlement de l'Union Belge permettant, dans certains cas, à un joueur de changer de club en dehors des périodes classiques. Des voix s'élevèrent, dont celle d'Alain Lommers, directeur général du RAEC Mons, qui évoquait une "falsification du championnat". Tandis que de son côté, Benoît Morrenne, président du STVV, souhaitait porter l'affaire aux tribunaux, ni plus ni moins. Car, bien entendu, en filigrane, on soupçonne le Beerschot et Westerlo d'avoir réalisé un transfert déguisé et donc non-autorisé en agissant de la sorte. Indéniablement, si Westerlo et Anvers ont manigancé, les deux équipes ont enfreint de façon pernicieuse les règles auxquelles s'astreignent les autres cercles de l'élite. Vu sous cet angle là, il y a eu falsification!  Dans le même ordre d'idée, Alain Lommers craignait qu'à l'avenir une multitude de joueurs excédentaires  profitent de  la combine pour fouler d'autres pâtures, compromettant ce faisant une certaine vision de l'éthique sportive. Je vous propose toutefois de mettre en perspective.

Se pose inévitablement la question de la pertinence de la règle. Autrement dit, est-il juste d'interdire les transferts de joueurs en dehors des mois de juillet, août et janvier? Cette règle est finalement très peu souvent remise en cause, il s'agit d'un état véritable état de fait. Si, à l'origine, le mercato estival précédait le début de la saison,  William Vainqueur, par exemple, en arrivant le 30 août au Standard avait déjà manqué 10 matchs des rouches. Et non des moindres, les confrontations de qualification européennes face au FC Zurich et Helsingborgs avaient déjà esquissé les contours de la version 2011-2012 du RSCL. En autorisant le commerce de joueurs de football dans une compétition vieille d'un mois, on admet de facto la falsication. A fortiori, si on l'admet après 4 mois durant le premier de l'année civile. Éthiquement, pourquoi un transfert serait-il acceptable le 31 janvier et plus du tout le 3 février? Recevable à l' Assomption et pas du tout à l'Ascension?  Un club offrant un meilleur emploi à un gamin le premier février doit-il considéré comme un braconnier refroidissant un cerf le lendemain de la fermeture de la chasse?

Légalement ensuite, un jour ou l'autre un club perdra un gros paquet de millions car le fax de la fédé sera à court de papier 5 minutes avant minuit. Le club portera l'affaire en justice et, un jour ou l'autre, un juge finira par se rendre compte de l'évidence: les réglèments de la FIFA ne sont pas supranationaux. Les périodes de transfert sont une entrave à la liberté d'entreprendre, à la libre circulation des travailleurs. Aussi saugrenue que l'idée puisse paraître, les clubs sont des entreprises comme les autres qui sont même parfois cotés en bourse (Manchester, Arsenal, Ajax,....). Soyons sérieux, on ne peut pas demander à Apple de vendre des Iphone uniquement du premier au 31 décembre, ni à Opel de vendre ses Zafiras que durant le salon de l'auto! Un jour ou l'autre, un président de club se demandera pourquoi il ne peut vendre ses produits que 3 mois par an! Il se demandera également pourquoi un concurrent danois peut, grâce à son calendrier printemps-automne, lui souffler le petit génie suédois que ses scouts lui recommandent chaudement depuis des mois. Et ce, alors que nous sommes au mois de mars et qu'il est, lui, interdit de transfert jusqu'au premier juillet...

Si dans le dossier Goor, c'est le club qui a brisé le contrat de façon unilatérale, le scénario inverse a déjà été observé avec, notamment, Steven Defour lors de son passage de Genk au Standard. S'appuyant sur la loi de 1978, le médian menaçait ses dirigeants de faire ses valises, sans au-revoirs, sans mercis. Les menaces avait fait plier Jos Vaessen qui au risque de voir filer sa perle, avait finalement accepter de la brader. En effet, la sus-mentionnée loi de 78 permet à chaque de travailleur de casser son contrat de travail sans prester de préavis à condition de payer une indemnité à hauteur du nombres de mois de contrat restants. Néanmoins, les cas sont peu nombreux et pour cause, les clubs sont pour le moins frileux à l'idée de laisser de telles pratiques se propager. Bien souvent, la valeur comptable des clubs est assise dans son vestiaire. Et on ne laisse pas les portes du vestiaires entrouvertes, on les cadenasse. Afin de décourager des éventuels velléités de départ, les équipes de l'élite vont même plus loin. Un gentlemen agreement existe entre les formations de l'élite. Tous ce sont entendus afin de ne pas engager de joueur ayant récupéré sa liberté via cette loi 78. En quelque sorte, un footeux ayant l'insolent culot de profiter de dispositions légales se retrouverait automatiquement sur une liste noire. Sans espoir de retrouver de l'embauche, l'impudent footeux se verrait contraint et forcé de faire sa baluchon et de tenter sa chance à l'étranger. Sauf que la FIFA, ce grand organisme humaniste, démocratique, et progressiste, punit de 6 mois de suspension les effrontés de ce genre. Au fnal, le footballeur n'est pas un travailleur libre. Un jour où l'autre, un nouveau Jean-Marc Bosman, un Spartacus moderne, un footeux plus courageux que la moyenne pointera le bout de son godiot, et échangera son agent contre un bon avocat.

Que ça soit à l'instigation d'un club ou d'un joueur, le système des mercatos sera aboli dans un tribunal. Dans 5, 10 ou 20 ans. Après 4 appels et 3 recours, la FIFA devra faire machine arrière et laisser la place au mercato universel du marché du travail: celui qui commence le premier janvier et se termine 31 décembre! Ce jour-là, Alain Lommers, Benoît Morenne, et beaucoup d'autres risquent d'avoir mal à leur éthique sportive.

mercredi 14 décembre 2011

Le foot est une religion comme les autres!


Santiago Amigoranea disait récemment dans le magazine SO FOOT que les footballeurs n'avaient rien d'artistes. En voilà pourtant une idée répandue: les footeux seraient des artistes. Les commentateurs les plus lyriques ne se lassent pas des bien connus:" Ne touchons pas aux artistes", "Ce numéro 10 est un véritable chef d'orchestre", " Ce coup-franc est un chef d’œuvre", ou encore "cet attaquant est toujours capable d'un coup de génie!".

Si le lien entre le footchebol et l'art est une théorie assez commune, j'ai toujours considéré pour ma part que la véritable essence de ce sport est religieuse. Le foot tel que nous le connaissons aujourd'hui est plus spirituel qu'esthétique. Une religion avec ses fidèles et son clergé, ses lieux de cultes, ses reliques, ses saints, et ses miracles. Une de ces impressions qui ne s'explique que difficilement. Un pressentiment. Tachons de le mettre sur papier , de faire la preuve par 11.

Sepp Blater est il moins puissant que Benoît XVI? Y a t-il moins de pèlerins à Saint-Jacques de Compostelle qu' à Santiago Bernabeu? Le Saint-Sang est il plus convoité que le trophée Jules Rimet? Qu'y a t-il de plus proche d'un stade qu'une cathédrale?

Au moment de quitter la travée d'un stade pour rentrer dans la tribune, le supporter reproduit  ce que le pèlerin fait en quittant le narthex pour découvrir la nef d'une cathédrale: il ralentit le pas, pris de vertige. Le souffle coupé, il admire , le regard vers le bas ou vers le haut c'est selon.

Car si de prime abord, ils appartiennent chacun à des mondes bien différents, le stade et l'église partagent pourtant la même fonction: accueillir les fidèles. Il n'est d'ailleurs de religion sans lieu de culte. Sans lieu de culte, ce ne sont que vulgaires philosophies et d'inoffensifs courants de pensées. Comme l'église, la mosquée et la synagogue sont la géographie des religions; le stade est la géographie du foot.

L'épicurisme  n'est pas une religion pour la même raison que les échecs ne sont pas un sport olympique.Et pourtant, bon courage à celui  tentera de me démontrer que les préceptes du Lévithique ont plus de valeur que ceux d'Epicure. Comme à celui qui souhaitera me prouver que Pelé est supérieur à Kasparov.   Foot et religion, s'ils existent en leur absence, ont besoin de lieu de culte pour se donner dans leur pleine mesure. La ferveur s'y construit à 100, 500,1000, 5000,10000. Seul, on se construit une intelligence, des idées, des principes, une raison. Voilà le mystère de la foi.

Bien plus que de spiritualité, l'homme a besoin d'être un élément d'un ensemble. Faites lire la Torah à 100 athés, vous en convertirez 5. Emmenez-en 100 dans le kop du Celtic durant un Old Firm, vous ferez 50 nouveaux addicted. A la lecture de l'autobiographie de Ian Rush, vous aurez 5 nouveaux fans des Reds, emmenez les mêmes à Lourdes , vous en convertirez 50 et en guérirez 2.

La foule a le pouvoir de convertir. Elle le fait notamment par le chant. Quand la Südtribune du Westfallen  psalmodie la gloire de Sebastian Kehl, les 25000 supporters qui y sont entassés ont une certaine force de persuasion. Si par bonheur, vous vous trouvez dans cette tribune à ce moment, et même si vous avez des doutes sur le jeu long et la vitesse de Kehl , vous chanterez, et fort encore!  Par le même mécanisme, les églises gospel de Harlem sont un passage obligé pour les touristes du monde entier. Entendre Amazing Grace repris en choeur par 300 personnes reste selon les tour-operators un des meilleurs moyen d'avoir le grand frisson à Big Apple!

Mike Ashley, le président de Newcastle United, vient de commettre le crime d'apostasie. Contre un gros paquet de livres sterling, il vient de signer un contrat de naming avec la firme Sports Direct ( dont Ashley est également président). Après 119 ans d'existence le mythique St James Park deviendra bientôt la Sports Direct Arena. Les clubs de supporters, outrés, ont organisé plusieurs manifestations afin de protester contre cette décision. On pouvait lire sur leurs pancartes :" On ne rebaptise pas une église". Preuve par 11.