Injury time

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mercredi 14 décembre 2011

Le foot est une religion comme les autres!


Santiago Amigoranea disait récemment dans le magazine SO FOOT que les footballeurs n'avaient rien d'artistes. En voilà pourtant une idée répandue: les footeux seraient des artistes. Les commentateurs les plus lyriques ne se lassent pas des bien connus:" Ne touchons pas aux artistes", "Ce numéro 10 est un véritable chef d'orchestre", " Ce coup-franc est un chef d’œuvre", ou encore "cet attaquant est toujours capable d'un coup de génie!".

Si le lien entre le footchebol et l'art est une théorie assez commune, j'ai toujours considéré pour ma part que la véritable essence de ce sport est religieuse. Le foot tel que nous le connaissons aujourd'hui est plus spirituel qu'esthétique. Une religion avec ses fidèles et son clergé, ses lieux de cultes, ses reliques, ses saints, et ses miracles. Une de ces impressions qui ne s'explique que difficilement. Un pressentiment. Tachons de le mettre sur papier , de faire la preuve par 11.

Sepp Blater est il moins puissant que Benoît XVI? Y a t-il moins de pèlerins à Saint-Jacques de Compostelle qu' à Santiago Bernabeu? Le Saint-Sang est il plus convoité que le trophée Jules Rimet? Qu'y a t-il de plus proche d'un stade qu'une cathédrale?

Au moment de quitter la travée d'un stade pour rentrer dans la tribune, le supporter reproduit  ce que le pèlerin fait en quittant le narthex pour découvrir la nef d'une cathédrale: il ralentit le pas, pris de vertige. Le souffle coupé, il admire , le regard vers le bas ou vers le haut c'est selon.

Car si de prime abord, ils appartiennent chacun à des mondes bien différents, le stade et l'église partagent pourtant la même fonction: accueillir les fidèles. Il n'est d'ailleurs de religion sans lieu de culte. Sans lieu de culte, ce ne sont que vulgaires philosophies et d'inoffensifs courants de pensées. Comme l'église, la mosquée et la synagogue sont la géographie des religions; le stade est la géographie du foot.

L'épicurisme  n'est pas une religion pour la même raison que les échecs ne sont pas un sport olympique.Et pourtant, bon courage à celui  tentera de me démontrer que les préceptes du Lévithique ont plus de valeur que ceux d'Epicure. Comme à celui qui souhaitera me prouver que Pelé est supérieur à Kasparov.   Foot et religion, s'ils existent en leur absence, ont besoin de lieu de culte pour se donner dans leur pleine mesure. La ferveur s'y construit à 100, 500,1000, 5000,10000. Seul, on se construit une intelligence, des idées, des principes, une raison. Voilà le mystère de la foi.

Bien plus que de spiritualité, l'homme a besoin d'être un élément d'un ensemble. Faites lire la Torah à 100 athés, vous en convertirez 5. Emmenez-en 100 dans le kop du Celtic durant un Old Firm, vous ferez 50 nouveaux addicted. A la lecture de l'autobiographie de Ian Rush, vous aurez 5 nouveaux fans des Reds, emmenez les mêmes à Lourdes , vous en convertirez 50 et en guérirez 2.

La foule a le pouvoir de convertir. Elle le fait notamment par le chant. Quand la Südtribune du Westfallen  psalmodie la gloire de Sebastian Kehl, les 25000 supporters qui y sont entassés ont une certaine force de persuasion. Si par bonheur, vous vous trouvez dans cette tribune à ce moment, et même si vous avez des doutes sur le jeu long et la vitesse de Kehl , vous chanterez, et fort encore!  Par le même mécanisme, les églises gospel de Harlem sont un passage obligé pour les touristes du monde entier. Entendre Amazing Grace repris en choeur par 300 personnes reste selon les tour-operators un des meilleurs moyen d'avoir le grand frisson à Big Apple!

Mike Ashley, le président de Newcastle United, vient de commettre le crime d'apostasie. Contre un gros paquet de livres sterling, il vient de signer un contrat de naming avec la firme Sports Direct ( dont Ashley est également président). Après 119 ans d'existence le mythique St James Park deviendra bientôt la Sports Direct Arena. Les clubs de supporters, outrés, ont organisé plusieurs manifestations afin de protester contre cette décision. On pouvait lire sur leurs pancartes :" On ne rebaptise pas une église". Preuve par 11.