Injury time

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vendredi 17 août 2012

L'homme qui ne valait pas 3 milliards




Steve Austin valait 3 milliards, il était l'homme qui valait 3 milliards. Pas 1.8 milliards, pas 3.6 milliards. 3 milliards. Pendant 4 saisons et 99 épisodes, Austin a vécu pas mal de déboires et d'aventures, mais il a toujours pu se baser sur une saine certitude: il valait invariablement 3 milliards.

Tout le monde ne peut pas en dire autant. Un héros d'un autre temps, un héros de notre temps n'as pas la légitime chance de connaitre sa valeur. Au fil des saisons et des épisodes, il vaut successivement 100.000 euros, 500.000 euros, 300.000 euros, 1.200.000 euros et enfin 2.500.000 euros. Jérémy Perbet doit être bien jaloux de Steve Austin.

Voici 18 mois, l'attaquant français valait peanuts au Daknam, les productions Maes-Lambrechts n'avait produit que 5 petits épisodes de ses aventures. Ça fait peu pour montrer ses super-pouvoirs. Heureusement pour lui, les productions Van Wijk-Leone croient  un peu plus en lui. Ils proposent 100.000 pour racheter les droits. Que nenni, Lokeren veut 500.000!  L'affaire est proche de capoter et Perbet se lamente dans la presse...Lokeren est trop gourmand, il a terriblement envie de rejoindre Mons, quelle terrible injustice que de le laisser moisir dans les limbes du banc et de tribunes Oost-flandriennes! Il est clair: il ne vaut pas 500.000 euros!

Au final, les dragons ouvrent le porte-monnaie et allonge 300.000 euros. Bingo! L'investissement est rentable, le ponot poursuit sur sa lancée de 2011 et enfile 25 perles en 2011-2012.  Le buteur réalise sa meilleure saison, il est à la première place du box-office des buteurs. Le public montois, les dirigeants montois, tout le monde est content.

Non pas tout le monde. Le striker, n'est pas content. C'est un héros mécontent. Pourquoi? Car, Mons est trop gourmand (défaut décidément très répandu chez les pensionnaires de Jupiler League). La Parma veut que le buteur viennent sauver le monde du côté du Stade Ennio-Tardini. Mais,  les protagonistes ne sont pas d'accord. Les parmesans proposent le million,  Mons en veut deux et demi. Se joue alors une comedia dell arte  toute italienne. Leone enfile le masque du bluffeur et prétend avoir une offre du Standard à 2.2 millions. Bugiardo! Dans ces condtions, l'intérêt des transalpins s'étiolent, et Perbet joue les vierges effarouchées. "On m'avait promis de me laisser partir en cas d'offre raisonnable" se plaint-il dans la presse...

Las...la valeur d'une parole d'homme dans le milieu de foot ne vaut pas tripette. Rappelons nous, à ce sujet, la décevante mésaventure de Roland Duchatelet et Saint-Trond en janvier 2010.  Les canaris croyaient avoir trouvé un buteur patenté, le joueur avait même promis de signer chez eux. Mais hélas, 3 milliards de fois hélas, le joueur n'a pas tenu sa promesse, et dans les heures qui suivaient, paraphait à Lokeren provoquant l'ire et le dégout du président Duchatelet. Mais comment s’appelait ce joueur? Ah oui....c'était Jéremy Perbet. Ce héros pas fiable....pour un sou, et mécontent. Mécontent, car oui, vraiment, il est catégorique: il ne vaut pas 2.500.000 euros!

En 1974, la médecine donnait des jambes, des bras et un oeil bionique à Steve Austin. En 2012, la médecine donne un arrêt de travail à Jérémy Perbet. Pour le progrès, on repassera.  Le buteur est blessé dans son for intérieur, et a un médecin conciliant. En effet, à l'en croire, le RAEC Mons est un goulag moderne, un Alcatraz hennuyer! Mais qu'ils sont vilains les dirigeants montois! Eux qui ont été le chercher dans la tribune du Daknam pour lui donner un beau salaire, l'occasion de jouer au football toute la journée, et de montrer à tous ses talents. Austin et ses amputations connaissait bien mieux la valeur d'une main tendue. Ah ...Perbet, ce héro mécontent, peu fiable et terriblement ingrat.

Dans les travées du Tondreau, il y a des types qui se prénomment Carlo, Luigi ou Mario. Des types fiers, travailleurs, ombrageux. Des types qui bossent dur, dans des usines qu'ils n'aiment pas. D'ailleurs, parfois ils n'aiment pas leur boulot non plus. Mais au moins, ils en ont un, c'est pas si mal. Ça leur permet de se payer, en sacrifiant un week-end à la mer, ou un resto en famille, un abonnement au stade Tondreau.
En espérant y rêver un peu, en regardant leur équipe affronter les ténors. En regardant Jérémy Perbet, et ses buts à répétition. Ce joueur de football, ce type qui a un boulot en or. Comme ses collègues, pas plus, pas moins, il est payé beau et cher pour prendre le bon air et faire du sport toute la journée. Avec un staff de quinze personnes le soignant, veillant à bien lui préserver des plages de repos. Au même moment, Carlo, Luigi et Mario se battent avec le haut fourneau. Et si jamais, ils leur prenaient l'envie de brosser le boulot ne serait ce qu'une petite heure, quand Perbet fait l'impasse sur 15 jours, ils décrocheraient un joli trophée, un c4. Mais voilà, eux, ils sont du mauvais côté de la pompe à fric. Carlo and co pompent, Jérémy raplique. Ce héros mécontent, peu fiable, ingrat et irrespectueux.

Perbet ne vaut pas 2.500.000, pas non plus 1.200.000, ni 500.000, ni 300.000, ni même 100.000. On ne sait pas ce qu'il vaut, mais on sait ce qu'il ne vaut pas: Carlo, Luigi et Mario ferait mieux de chercher un nouvel héros...



mercredi 8 août 2012

Grande gueule!


Au moment de s'étendre sur les ambitions de son Club de Bruges, Bart Verhaeghe est très clair. Le titre, le titre et le titre! Le président brugeois est issu du milieu des affaires et sait arriver à ses fins. Quand il veut, il peut. Dans le monde froid des affaires, dans le monde de requins des entrepreneurs, Verhaeghe a fait son trou au point d'atteindre le top 100 des belges les plus fortunés... à seulement 46 ans.

Mais au delà du financier, Verhaeghe est un homme. Un homme avec un coeur qui bat, qui bat pour le Club de Bruges dont il est fan depuis toujours. Alors en 2010 quand il a l'occasion, et les moyens, de rentrer dans la direction du club, il n'hésite pas: il fonce! Un an plus tard, il remplace déjà Pol Jonckheere au poste de président, et se lance dans la professionnalisation à outrance. Les méthodes qui ont fait de lui un entrepreneur à succès sont  copiées/collées au FCB. Les campagnes de recrutements se font plus ambitieuses, on recrute de l'international avec Hogli, Rafaelov, Zimling. On recrute également au FC Barcelone avec Vazquez, ou encore des serials buteurs avec Vleminckx, Tchité, Bacca. Et quand, Koster s’essouffle à la tête de l'équipe, Verhaeghe va chercher un nom, Christoph Daum. Ça faisait longtemps qu'on avait plus vu un calibre comme ça en Belgique!

Mais le teuton ne fait pas de vieux os en Belgique, et il faut partir à la recherche d'un nouveau cador. Imaginons un instant, le profil-type qu'un club comme Bruges dessine pour le costume de T1.... Ou plutôt, imaginons un instant, comment un businessman comme Verhaeghe établirait le CV idéal.

Dans le monde de l'entreprise, quand une firme cherche à pourvoir un poste, que cela soit magasinier ou directeur des ventes, une expérience assortie de résultats dans le domaine est bien souvent exigée. D'autant plus quand l'entreprise émarge du top dans son rayon, un challenger peut prendre des risques, pas un leader. Dès lors, quand le Club de Bruges cherche un coach, on peut s'attendre que l'heureux élu ai un palmarès bien rempli. De nombreuses coupes qui montrent à tous que le bonhomme est capable de garnir l'armoire à trophées.  Si on cherche un candidat pour gagner le Tour de France,  on n'engage pas le 17ème du Tour d'Algarve, mais plutôt le triple vainqueur du Giro! D'autant plus quand on est prêt à payer le type 1.2 millions d'euros par an!

Dès lors, si j'étais dans le CA du FCB, je me serais mis à éplucher les palmarès en Belgique, aux Pays-Bas, et ceux des championnats de niveau équivalent à notre Jupiler League...Quelques noms en serait sorti comme ceux d'Ariel Jacobs, de Franky Vercauteren, de Michel Preud'homme, de Böloni, de Peter Maes, de Frank De Boer., entre autres....Mais perdaf, qui est l'heureux élu, Georges Leekens!  Qui se pose là en matière de palmarès: vierge depuis 20 ans! Autant dire qu'on est loin du profil recherché, surtout qu'avec ses 63 printemps, on ne peut pas non plus le ranger dans la catégorie des jeunes qui montent....

Cette nomination a quelques de chose d' intriguant et de rassurant à fois. Intriguant tout d'abord, car malgré le manque de résultats de Mac The Knife, et son incroyable penchant pour les coups de couteaux dans le dos (Excelsior, Courtrai, Diables Rouges...), un type aussi sensé, terre à terre, et près des chiffres que Verhaeghe se fait berner par ses boniments.  Car Leekens, c'est la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf . Il parade, il pérore, mais il ne gagne pas. Il ne gagne jamais. A l'entendre, il a fait plus pour le football belge en deux ans à la maison de verre que les coachs fédéraux des 30 dernières années. Dans les faits, les coachs des 30 dernières années, et l'ensemble de l'Europe du foot se demandent pourquoi nous n'étions pas en Pologne et en Ukraine!

Loin de moi l'idée de noircir la tableau. Leekens a des capacités et pour une bonne douzaine des clubs de notre élite, le choisir, c'est l'assurance de faire une bonne saison. Pas une très bonne, mais une bonne saison. Les fanas de Long Couteau m'attaqueront sur le palmarès en disant que durant toutes ces années, il n'a jamais été aux manettes d'un des grands du pays. Juste! Mais Peter Maes a gagné la Coupe de Belgique avec Lokeren, là ou Leekens n'a rien gagné. Mais Preud'Homme a également gagné la Coupe de Belgique avec La Gantoise, là ou Leekens n'a également rien gagné. Et que dire des perfs tels que la victoire en Coupe de Belgique de Jacobs avec La Louvière en 2003, le titre en 2011 pour Genk et Vercauteren! Aucun exploit de ce genre à l'actif de Georges! Jacobs et Vercauteren, pour ne citer qu'eux, ont connu des moments difficiles avec la presse, malgré les bonnes performances. Tonton Georges, lui, s'éclate avec la presse. En interview, il se régale, il sourie, il pavane, il est le roi.

D'un bon mot, d'un clin d’œil, il transforme une défaite à domicile en une victoire à l'extérieur. En un tournemain, après une défaite 3-1 bien tassée en Allemagne, il affiche ses diables comme les seuls a avoir fait douter la Mannschaft durant 30 minutes depuis 2 ans... Impardonnable grande gueule! Quand j'écoute une intervention à la TV de Leekens, je bois le miel de ses paroles. Je souris béatement à ses sourires,  je perds toute subjectivité et je lui pardonne tout ses sales coups.  On lui donnerait le bon dieu sans confessions, d'ailleurs on l'a fait en le mettant à la tête des diables. C'est pourquoi, comme je le disais plus haut, sa nomination à Bruges est également rassurante. Car le type est sympa, et se dire que mêmes les puissants comme Verhaeghe se font pigeonner, oui... je trouve que ça a quelque chose de rassurant...