Injury time

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mercredi 18 septembre 2013

Concours de floches


Au coup de sifflet final de ce Benfica-Anderlecht, il y avait de quoi s'arracher les cheveux. Le manque de combativité des mauves fut assez horripilant, les erreurs tactiques aussi. Mais surtout, comme à chaque défaite belge en Champions League, le lot insoutenable d'excuses à la con qui nous a été servi.

Les médias commencent avant même le coup de sifflet de monsieur Gräfe. Un tableau vient nous expliquer qu'Anderlecht a le plus petit budget du groupe avec 40 millions d'euros. 400 millions pour le PSG, 70 pour Benfica, et 45 pour l'Olympiacos. En filigrane, on nous apprend qu'il s'agit là du classement à la fin de la phase de groupe. Pour le coup, l'argent n'est plus un moyen, mais une finalité. 400 millions d'euros c'est plus que 70, qui sont eux-mêmes supérieurs à 45. Les mathématiques nous apprennent donc que nous ne serons pas sur le podium final. Autant ne pas monter sur terrain, on évitera des blessures éventuelles.

J'en ai marre de l'entendre cette histoire de budget! Bien sur que l'argent aide à construire une équipe performante, je ne le nie pas. Mais ce ne sont pas les millions qui s'affrontent sur le terrain, mais deux équipes de onze petits gars armés de jambes bottées de cuir. Ce qui fait la différence entre deux équipes durant le match, ce sont les duels gagnés, les phases arrêtées, les seconds ballons, la vitesse et la rigueur tactique. Pas les millions. Je vais donc expliquer à l'humanité le "How To": le jour du match on oublie le budget de l'équipe adverse, on s'arrache et on fait tout pour prendre les trois points, on les prends, et puis grâce à la victoire on encaisse une paire de millions d'euros qui nous permettront d'augmenter notre budget. Le méthode actuelle : On frémit lors du tirages au sort, on ergote sur une possible troisième place(sur l'avant-dernière place donc), on encense les adversaires des heures durant, on joue la peur au ventre, on prends une gifle, et on se dit que, les budgets le prouvent, on n'est pas du "même monde".

Voilà la personnalité schizophrène du football belge. On rêve d'être de la Ligue de Champions, et quand on y est, on prétend qu'on en est pas.

Pour en revenir en mathématique, je vais pousser le bouchon plus loin. Une fois de plus, et pour la deuxième fois dans le même article, je vais tirer les connaissances de l'humanité vers le haut,  écrire mon nom à côté de ceux de Pythagore et de Thalès. Accrochez vos ceintures, prendez vos calculettes, sortez les compas. Après avoir compulsé les classements de toutes les compétitions internationales, nationales, régionales, locales, de tous les pays du monde depuis la naissance du football, je vous présente, en exclusivité mondiale, ci-dessous, le seul théorème(de ma composition pour rappel) qu'on puisse établir de manière prouvée scientifiquement qui détermine la relation entre le budget d'un club et ses résultats:

Considérant un club de football A, inscrit dans une compétition B. Considérant X comme le budget du club A, inscrit à une compétition Y classant les budgets des clubs inscrit à B par ordre de valeur. Il est établi que la victoire de X à Y, n'induit pas obligatoirement la victoire de A à B.

Et toc! A raisonnement mathématique, réponse mathématique. Car, sous des atours abracadabrantesques, ma démonstration est, véritablement, la seule conclusion qu'on puisse tirer de la relation budget-résultats! D'autres l'ont déterminé avant moi:

L'argent ne fait le bonheur( ...mais y contribue).

Tout cela me rappelle nos enfances. Formidable laboratoire de la nature humaine, on y retrouve à l'état embryonnaire toutes nos névroses d'adultes. La comparaison des budgets, n'est qu'une extension du concours de floches dans les toilettes dans l'école. Qui a la plus grande?

L'observateur adulte de ses mœurs d'enfant y retrouve tout. En effet, avoir la plus grande ne garantit pas le futur bien-être sexuel, ni même affectif. Tout comme, avoir le plus gros budget n'assure pas la victoire à coup sûr. Par contre, l'observateur adulte attentif  y trouvera autre chose d'encore plus intéressant, la réponse au problème, le recours des tailles modestes, la solution à celui qui vise l'avant dernière place. En effet, mes souvenirs de 4ème primaire sont formels, bien souvent, le (auto-)déclaré vainqueur n'était pas toujours le plus longuement fourni. Que du contraire, au détriment de toutes vérité scientifique et d'une élémentaire vérité métrique, il y avait toujours un caïd des bacs à sables pour s'adjuger le titre. Qui par peur, qui par intérêt, qui par moutonisme, peu s'offusquaient. Le pire, ou le mieux, c'est selon, c'est que quelques années plus tard, le premier d'entre nous à faire usage de son appendice à d'autres fins que digestives, était souvent ce magnifique imposteur.

Toujours persuadé de sa longueur d'avance,  de sa supériorité en tous domaine, sa confiance en lui mettait hors-jeu nos doutes adolescents dans l'âpre bataille pour choper une gonzesse. Voilà la leçon existentielle à tirer du concours de floches enfantin: Fuck le système métrique, vue d'ici, elle est infiniment plus longue. Les lois physiques régissent le monde, pas ma vie. Le football belge, devrait s'inspirer de l'imposteur. Je suis ce que je suis, mais ici je suis le meilleur. Quand nous auront pleinement conscientiser notre gabarit, notre taille, notre statut, nous sortirons enfin des ses considérations misérabilistes. La valeur du football belge doit s'affranchir de l'adjectif petit. Toutes autres considérations mis à part, je préfère Leekens se déclarant l'architecte des succès des Diables, à De Sart qui s'excuse d'exister.

Bien entendu que le budget d'un club a une influence sur ses résultats! Mais on parle là de tendance, pas de garantie. La meilleur comparaison possible, c'est la météo. Déterminer le vainqueur d'un match en fonction du pognon, c'est choisir sa destination de vacances en fonction du climat supposé. Comparer les budgets, c'est comparer les anticyclones. Entre Lisbonne et Bruxelles, il y a pas photo satellite! Sauf que parfois....

Idem pour un autre thème suriné durant l'avant-match: le palmarès des Lisboètes. On nous sert pour le coup, leur triple déception de la fin de saison dernière comme un formidable indice de la supériorité portugaise. Quelqu'un a-t-il remarqué qu'au contraire des leurs adversaires du soir, le RSCA a garni son palmarès en 2013?  En d'autre termes, il a fait formidablement beau toute la saison dernière à Lisbonne, hormis le moi de mai qui a connu des orages torrentiels. Pendant le même temps à Bruxelles, un soleil pâlot entrecoupé de draches passagères avant un mai radieux. A choisir...

Avant, pendant, et après la confrontation de hier soir, les médias nous ont également rabâché les oreilles avec le match à Malines du week-end dernier. Pour rappel, Anderlecht y a dessiné une superbe victoire 0-5. Un festival offensif, et une défense qui a tenu le "zéro derrière". Un petit bijou de victoire, me direz-vous! Sauf que pas du tout, au fil des commentaires, dans la presse comme durant la retransmission, cette victoire a perdu au fil des heures tout sa joliesse. Malines est devenu le "petit Malines", petit club de la petite Jupiler League, petite ligue de petite Belgique, voir de la petite belgique. Comment peut on espérer gagner en Cl, en jouant le w-e précédent contre le Malinwa? Infinitésimilation du résultat. Ah oui messieurs, dames! Benfica, c'est  "Autre Chose"!

Tellement plus grand, plus fort, que la victoire Achter de Kaserne en devient misérable. Une victoire qui ne mérite pas trois points, tout au plus 1 point et demi(deux secondes de réflexion...ca y est vous avez saisi!), Tout est si minable quand on le compare ô grand Benfica, illustre matador, grand, altier, qui enquille les victoires face aux grands d'Europe. Après avoir imposé ses vues à la Gorgone Méduse, après avoir terrassé la bête du Gévaudan, après avoir soutiré des excuses à Bashar El-Assad, pas plus tard que samedi, les benfiquistes sont parvenus à bout du terrifiant......Paços de Ferreira. Hum.Tellement plus mieux que les Yellow Red.


Et si, au lieu de mesure la distance qui nous éloigne du top européen, on nous parlait d'honneur?Et si la fierté remplaçait budget dans les colonnes des articles? E si l'orgueil enrichissait le vocabulaire d'avant-match? Et si l'on soulignait la combativité et l'agressivité, plutôt que l'infériorité technique et le manque d'expérience? Changeons de prétentions, changeons de lexique. Changeons la tête si nous voulons changer les jambes. Arrêtons de nous la jouer petit zizi...




jeudi 6 juin 2013

Voilà pourquoi il ne faut pas écouter Rodrigo Beenkens!

Source: Rtbf.be

L'immense Rodrigo Beenkens écrivait ce 20 mai, au lendemain du 32ème titre des mauves, une chronique très péremptoirement intitulée "Voilà pourquoi il faut arrêter les playoffs" sur le ouèbe ertébéen. Malgré l'énorme respect pour un des plus grands journalistes sportifs contemporains, ou plutôt à cause de l'admiration que je lui porte, je réagis. Un peu de craie blanche sur un tableau si noir.

Beenkens entame sa brève dissertation par une question: Comment expliquer notre système actuel à des étrangers? La question est légitime. En effet, le petit monde du football a depuis quelques années les yeux braqués sur notre beau pays. Au bar du club all-inclusive où vous passez vos vacances,  un allemand en tongues et chaussettes blanches, ou un anglais rougeaud et tatoué jusqu'au oreilles, ou bien encore le serveur espagnol vous interpelle et pose les constats suivants. Vos Diables Rouges ont progressé de la 66ème place au classement FIFA à la 12ème place en 4 ans(2009-2013). Comme par miracle, la Pro League qui ne plaçait plus d'équipe dans les poules de Champions League depuis 10 ans y figure depuis 3 ans.  Par un coup de baguette magique, une compétition qui bradait ses meilleurs joueurs pour deux Snickers et un Mars, négocie aujourd'hui à partir de 8 millions d'euros. Se faisant, dans une Europe traversant une crise économique profonde, le plat pays a vu, sans intervention qatarie, ses principaux clubs engranger des bénéfices à 7 voir 8 chiffres. Jens, John et Javier vous posent la même question :  Vous avez changé quoi depuis 2009? Et vous vous entendez répondre, incrédule peut-être: On a réformé le championnat...

Poser comme ceci, mon raisonnement se résume à dire que la réforme du championnat a généré le glorieux niveau actuel de nos Diables. Bien entendu, j'entends vos soupirs, cette conclusion ridiculise mon développement. Prétendre que les playoffs ont accouché seul d'un si bel enfant est absurde. Grotesque.

Mais d'un autre côté, affirmer que la refonte de la compétition n'a eu aucune influence de près ou de loin me semble, sorry Rodrigo, tout aussi inepte. La théorie de la "Génération Dorée" qui attribuerait aux seuls dieux du foot le talent de nos diables ne tient pas la route. Qu'on remercie le ciel et le hazard de s'être penché sur le berceau de l'un ou l'autre, passe encore. Mais pas quand nous alignons 10 ou 12 top-players. Des talents fous égayent chaque ligne de l'équipe, et ce n'est pas juste l'une ou l'autre superstar qui fait parler de nous hors de nos frontières.  Le type chez Panini qui devra choisir le diable à la vignette brillante dans l'album Copa Do Mundo Brazil 2014 va se gratter la tête. Mon constat va à l'encontre des idées mainstream répandues par Beenkens dans sa chronique, et s'oppose à l'air du temps fait, et défait, par les docteurs es football. Mon constat risque même de les blesser, des les torturer, aussi je prends de très grosses pincettes. Attention ça va faire mal. Je prétend que: éventuellement peut-être, sous certains points de vue, certains observateurs, peuvent, possiblement, émettre l'hypothèse d'une façon très générale que le niveau de notre football a progressé depuis la mise en place du nouveau système. Aie. C'est d'ailleurs, ce que nous disent, quand on veut bien les entendre, les étrangers à qui Rodrigo s'explique. Pas besoin de Jens, John et Javier pour enfoncer des portes si grandes ouvertes. Les colonnes de nos journaux encensent les diables matchs après matchs, au fil des semaines.

Néanmoins, peu ou prou admettent, par manque de discernement, par manque de clairvoyance, une quelconque influence de la réforme sur l'embellie. Bien sûr, la réforme n'est pas la raison, mais bien une des raisons. L'Histoire rendra grâce à Yvan De Witte.

Une telle révolution a de facto impacté nos clubs et leurs joueurs. Un exemple comme un autre. Le parcours psycho-dramatique du RSCA dans les PO1, je parle ici du pétage de plombs de VDB contre Monsieur Boucaut, de l'interruption des entraînements par les "supporters", et de l'intervention du sophrologue-professeur de danse John Troost, fait preuve. Indéniablement, cette épopée laissera des traces dans les esprits, les joueurs ont gagné en vécu. En s'extirpant malgré tout du mauvais pas, le groupe Mauve émerge grandit de l'histoire. CQFD.

Sans les PO1, Anderlecht savourerait probablement déjà son titre depuis belle lurette. Dans les championnats dits classiques, nous voyons tous arriver de loin les lauréats, méritant par ailleurs,  du Bayern, du PSG, de Manchester et du Barça. Les duels au finish entre deux cadors sont, qu'on le veuille ou non, l'exception. Avoir 4 prétendants au titre à 3 journées de la fin, apporte(pourquoi le nier?) un surplus de tension, un ajout de suspens, un je-ne-sais-quoi de valeur ajoutée à nos jolis mois de mai. Pour moi, supporter, comme pour les joueurs. Par quelle gymnastique de l'esprit peut on alléguer que la succession des matchs à enjeux en Bundesliga, en Premier league ou en Liga permet de passer un cap, et d'un autre côté, que chez nous, terminer les festivités par dix matchs-couperets tire nos joueurs vers le bas?

Notons par ailleurs, que l'une des différences notables entre l'ère Vandereycken et l'ère Wilmots se situe probablement dans l'origine des joueurs utilisés. Sous René, par choix, par dépit, ou par exotisme, les joueurs formés à l'étranger avait la part belle. Sous son règne, la mode était au made in Oranje (Vermaelen, Dembelé, Vertonghen, Swerts, Maartens, Tom De Mul), voir au Made in La France ( Hazard, Mirallas). Depuis 2009, la tendance s'est inversée. Dans le groupe élargi de Marc Wilmots, de nouvelles pousses ont fleuri. Courtois, Mignolet, Kaminski, Thorgan Hazard, Benteke, Lukaku, Lestienne et Vossen. Pas si mal comme moisson, pour une réforme si stérile. Un proverbe danois nous dit :"On ne moissonne pas du bon blé d'un mauvais champs".

La preuve de l'impact des playoffs étant faite, et attendu que nombreux sont ceux qui en font le procès, écoutons les arguments de chacun. Dans le rôle du procureur, Rodrigo Beenkens mentionne dans sa chronique un réel embrouillamini dans les règlements, les deux matchs de plus du Standard face à La Gantoise avant l'affrontement décisif pour le dernier ticket européen, et notre absence printanière en Europa League. Son réquisitoire se termine comme il l'a commencé: il faut arrêter avec les playoffs! Sur le banc de la défense, j'aligne 3 défenseurs en ligne, tactique osée s'il en est. Trois soutiens de votre connaissance, Jens, John et Javier. Je ne copie-colle pas leurs constats d'ici plus haut, mais je résume. Depuis 2009, nos joueurs ont progressés, leurs valeurs marchandes ont explosé et nos principaux clubs s'enrichissent en les marchandant, et en pérennisant leur présence en CL. Nos Diables impressionnent individuellement depuis quelque temps déjà, et collectivement depuis l'arrivée de Willy.


A vous de juger.