Injury time

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mercredi 13 octobre 2010

Champions du Monde!



Je me souviens comme si c'était hier du 12 juillet 1998. L'équipe de France emmenée par un Zizou au somment de son art, conquérait son premier et unique titre de champion du monde. Un peuple en liesse descendait les champs élysées en scandant les noms des héros projetés sur le bien nommé arc de triomphe: Paaaaaaaatriiiiiiick Vieiiiiiiiiraaaaaaaaa, Lauuuurent Blannnnnnnnc, etc...Le président Jacques Chirac surfait sur la victoires des bleus durant tout l'été, proposant au monde l'image du modèle d'intégration français, le succès d'une équipe black-blanc-beur. Je me souviens également du 6 octobre 2001, d'un France-Algérie destiné à sceller l'amitié entre les deux peuples. Ce jour-là, un Stade de France rempli comme un œuf  siffle, conspue la sacro-sainte Marseillaise, avant de tout simplement envahir l'ère de jeu et d'interrompre une rencontre qui n'avait d'amicale que le nom. Le parterre de ministres et de dignitaires parqués dans la tribune présidentielle est bombardée de projectiles et d'insultes. Le modèle d'intégration "à la française" flambe, et il ne reste plus du 12 juillet que le souvenir d'une équipe, pas d'une nation, extra-ordinaire.

En effet, le onze de Jacquet fût un beau champion du monde. Victime d'attaques répétées et virulentes de la presse hexagonale, le bon Aimé persévéra et entra dans l'histoire avec ses trois milieux défensifs: Deschamps, Karembeu, et Petit. Mais on a trop vite fait de Zidane, Thuram, et Vieira des symboles d'intégrations, alors qu'ils n'étaient que ...des joueurs d'exception, leurs carrières en sont les preuves. Par contre, quitte à en faire des emblèmes, qu'ils soient les emblèmes du travail formidable des centres de formation, ces usines à talents qui ont depuis la moitié des 90's  fourni des bus complets de talents. Et si la victoire de 98 appartient à quelqu'un, c'est à eux, à la FFF, à la direction technique nationale, à Aimé Jacquet. Les politiques ont eu tort de s'accaparer une part du gâteau, le 6 octobre 2001, ils sont eu droit à la tarte à la crème.

A des années-lumières de nos voisins tricolores, mais toujours sur la planète football, nos diables rouges voguent de succès en succès. Oui, j'ai bien dit succès.

Quels succès? Commençons par les fils du fleuve Zaïre élevés aux moules-frites, je cite Romelu Lukaku, Vincent Kompany, Anthony Vanden Borre, Chrisitan Benteke, Dedryck Boyata. Notre si petit et si frêle pays a, comme nos voisins du sud, un honteux passé colonial. 50 après l'indépendance, toutes nos fautes ne sont pas lavées. Mais notre succès n'est-il pas d'avoir su faire, en 50 ans, de Vincent et Romelu des gens fiers de porter la vareuse rouge?  Souvenons nous que Kompany s'était lancé dans un bras de fer avec son club de Hambourg à l'été 2008 afin de pouvoir porter nos couleurs à Pékin. S'il n'a pu, au final, participé qu'au premier match des JO, Vince The Prince n'a pas cédé et a fini par cassé son contrat avec les teutons. Le genre de décision qui amène un brassard autour d'un biceps.

Quels succès? Poursuivons avec l'Italie qui n'a pas oublié la Belgique dans sa grande diaspora. Venus pour monter des terrils dans dans nos si plates contreés,  ils ont emmenés l'amour du calcio. Silvio Proto s'exprime toujours avec les mains, Pocognoli va toujours au charbon, tandis que ceux qui ont vu une seule fois jouer Scifo connaissent per sempre la classe italienne.

Quels succès? Le tour du monde se poursuit, en passant par le Maroc avec Fellaini et El Ghanassy, on descend encore un peu vers le Mali et Moussa Dembelé,  plus encore vers le Nigéria et Marvin Ogunjimi. Et comme si tout ça n'était pas suffisant, je suis sûr que le belgo-ghanéen Vadis, que le belgo-tchadien Haroun, que le belgo-rwando-burundo-congolais Tchité, et que le belgo-turc Bolat rêvent de porter la même tunique que le belgo-brésilien De Camargo. Ca c'est du belgo-succès!  Car, qu'on le veuille ou non, un jour ou l'autre, ils ont tous choisi de devenir diables. Les exemples sont nombreux, et la belle multiculturalité de notre équipe reflète celle du pays. Les vagues d'immigration de ces cinquante dernières années ne se sont pas arrêtés à nos frontières, toute l'Europe Occidentale a du trouver des solutions. Mais quand je compare nos diables rouges à la nationalmannschaft allemande, à la squadra azzuri italienne, et à la furia roja espagnole, je les trouve un peu palôte et je constate avec bonheur que nous avons un temps d'avance en matière d'intégration. Succès!

Ok, bien sûr, côté victoires, on n'est pas trop servi. En attendant, je suis fier de voir sous les couleurs de mon pays un peu de Kinshasa, de Lagos, de Porto Feliz, de Casablanca, de Palerme, de Bamako, de Rabat, de Catania. Et puis, consolons-nous si nous n'avons jamais notre 12 juillet 1998 à nous, car nous avons su faire en sorte de ne jamais avoir de 6 octobre 2001.

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