Injury time

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mercredi 27 octobre 2010

Biopsie


Comme pas mal de footeux, quand le boulot me le permet, je passe mon lundi soir devant Studio 1- La tribune. Si la plupart du temps, une bonne dose de foot suffit à contenter l'accro que je suis, ce ne fût pas le cas ce lundi. L'émission m'a  laissé un goût amer en bouche, et j'ai remâché des idées sombres jusque tard. Morphée dut se battre contre une très désagréable impression d'avoir été pris en otage par Mogi Bayat. Mogi Bayat a violé ma passion du foot lundi soir.

Dans une parodie d'interview, ce détestable vaniteux nous a servi une soupe aigrelette. En essayant de nous vendre une bisque de homard. Piétinant tout ce qui rends le sport admirable et nécessaire, cet horrible fanfaron a successivement nié ses propres échecs et s'est attribué les réussites des autres.  Sans oublier de donner la leçon à ses interlocuteurs, et sans se rendre compte, bien sûr, de leur valeur.  Michel Audiard écrivait dans les "Tontons Flingueurs" : "les cons, ca osent tout, c'est même à ca qu'on les reconnait".  Sauf que lui aussi a, pour le coup, un tonton flingueur.

Le grand utopiste que je suis, est toujours prêt à écouter les déclarations de bonnes intentions,  à donner une seconde chance à ceux qui ne le mérite pas, et à encourager les âmes en peines bourrelées de remords. En commençant par un laïus sur la capacité de changer, de s'améliorer à 25, 30 ou 35 ans, le neveu Bayat, ce pauvre pêcheur, m'a bien roulé. Optimiste, je laisse les protèges' aux vestiaires. Belle feinte de corps, joli dribble, il percute et perce ma défense. Erreur. Je reçois un gros uppercut dans mon amour du futebol, juste entre l'honnêteté et la modestie. Aïe, ca fait mal.

Durant une interview qui semble durer 7 ans et demi, Bayat nie tout, conteste tout, reformule tout, paraphrase tout, contredit tout, disconvient de tout, renie tout, et surtout, ne dis rien.  Les jalons du respect et de la politesse n'étant pas plantés aux mêmes endroits chez tout le monde, il coupe la parole, doute des capacités de compréhension de ses interlocuteurs, remet en question leur déontologie, et monopolise la parole. Pour un pénitent regrettant ses débordements de jeunesse, on a vu plus convaincant. A moins que d'avoir éviter les insultes et les menaces soit déjà, à ses yeux, un gros effort.... Quand durant près de 8 années, on insulte les joueurs, les arbitres, les dirigeants, les journalistes et ses propres supporters, on finit par se trouver bien seul. Car il n'est point de pire solitude que celle du savant parmi les ignorants. L'isolement de Mogi Bayat, détenteur de la vérité, est infini parmi un monde entier de supporters crétins, de journalistes imbéciles, de dirigeants incompétents et d'arbitres-clowns. Mais dans sa tour d'ivoire, Mogi Bayat ne voit pas le gouffre qui le sépare de Michel Lecomte, Benoit Thans, Stéphane Pauwels, Thierry Luthers, Benjamin Deceuninck, et des milliers de téléspectateurs. Ce qui creuse ce gouffre, c'est l'objet de nos passions. Nous vivons pour, par le foot. La passion de Mogi Bayat, c'est Mogi Bayat.

Doué pour voir la paille dans l'œil de son voisin,  ce suppôt népotique réfute toute responsabilité dans la faillite sportive des Carolos. Dans un exercice de contorsionniste, il résume tout à la seule perspective qui lui soit un tant soit peu favorable: le financier. Les carrières, les projets de jeu, les fans, les coachs ne sont plus que des chiffres, des sommes classées dans des bilans comptables. Les actifs ont remplacé les buts et les passifs les cartes rouges. Honnis soient ceux qui veulent faire de l'argent avec le foot, ils tradent les joies, les espoirs, et le soutien des tribunes! Il faut beaucoup d' imagination et un certain don pour l'abstraction pour résumer 8 années de management d'un club de foot à un seul angle: MONEY.  Tandis que le public estime le bilan du manager catastrophique, Mogi  juge être le meilleur manager du Sporting Charleroi entre 2003 et 2010. Tout est une question de point de vue.

Instinctivement, j'ai longtemps espéré une réaction de Michel Lecomte aux provocations de l'aîné des frères. Non dépourvu d'esprit, d'intelligence, et de répartie, Lecomte aurait pu, j'en suis sûr, remettre le caïd à sa place.  Il ne l'a pas fait. Au contraire, le présentateur a encaissé les coups, les insinuations, les insultes à son intelligence et sans sourciller encore. Au final et à froid, je tire mon chapeau. L'attitude du rédac' chef était la bonne, le capitaine a tenu la barre. Face à des attaques de cette bassesse, ignorer les sous-entendus était la bonne solution car y répondre c'était s'abaisser au niveau de l'adversaire. Lecomte n'a pas pris de direct du gauche, ni de crochets de droit, il a juste pris des croches-pieds et des coups dans le dos, c'était désagréable mais révélateur sur la nature de l'agresseur. Comme une biopsie , c'était douloureux mais nécessaire pour révéler la présence d'une tumeur.

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