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dimanche 7 novembre 2010

FC Walpic


Voila donc la dernière idée à la mode dans mon coin de Belgique: le FC Walpic. Par Walpic, il faut entendre Wallonie Picarde, un concept et une locution fraichement démoulée. Auparavant, j'habitais le Hainaut Occidental, et sans déménager, je me retrouve en Walpic. Faut vivre avec son temps, et l'idée ne me dérange pas. Fédérer les communes, créer des synergies, rassembler, voilà du beau programme!

Jetons un coup d'œil  aux 23 communes unies sous la bannière "picarde". Ça part  de Mouscron à Enghien et de Bernissart à Mont de l'Enclus, en passant par deux bouts du monde: Comines et Ellezelles. Le site du tourisme de la Wallonie Picarde propose même à de très éventuels voyageurs (de l'extrême) des circuits d'une demi-journée, d'un jour, de deux jours, et....pas plus, faut pas pousser non plus( l'édition Wallonie Picarde du guide du routard a été annulée). Alors, certains ont dû se dire que le musée de l'iguanodon et le parc Pairi Daiza, c'était pas folichon pour attirer le chaland, il fallait trouver autre chose. Mais pourquoi pas un club de foot comme vitrine de la région? Le Racing Walpic était né! Bien sûr, le concept n'est pas vraiment nouveau, Detrem' avait compris avant tout le monde les bénéfices en matière d'image, et les retombées économiques qu'un club de foot pouvait amener à une ville, à une région. Avant d'être putsché, le maïeur a réussi à placer un nom sur la carte de Belgique, celui de Mouscron.

Mais nos hommes politiques et nos dirigeants footeux arriveront-ils à faire avec un hypothétique Sporting Walpic, ce que Detremmerie a fait avec l'Excelsior? Le rejeton de l'Excel, le Royal Mouscron Péruwelz, va dans ce sens et annonce d'ailleurs sur son son site, vouloir "...se positionner comme la référence en matière de centre de formation et de post-formation en Wallonie-Picarde...". Certains, comme Stéphane Pauwels, sont d'ardents supporters du projet, jugeant que la multiplication de clubs entraîne un nivellement par le bas. La seule solution afin d'arriver à un club pérenne passe par la fusion des clubs de Mouscron-Péruwelz, Tournai, et Ath. En quelque sorte, c'est considérer qu'une D2 + deux promotions = à une bonne d1. Pour ma pomme, je suis sceptique et je vois 3 gros problèmes à régler: les supporters, le sportif et le sponsoring.

Primo, je souhaite bon courage à ceux et celles qui voudront faire de l' AS Walpic, l'incarnation de l'identité picardo-wallonne. Et pourquoi? Car, cette identité n'existe tout simplement pas. Personnellement, en habitant Mouscron et vivant donc constamment sous les influences culturelles et économiques de la Flandre Occidentale et de la métropole Lilloise, je me sens aussi concerné par la Wallonie picarde que par ma première camiseta... Il suffit de passer 3 secondes devant une carte, pour constater qu'il s'agit là d'un ensemble de bourgades, sans capitale, et sans cohérence. Si Mouscron est tournée vers Courtrai et Lille, Enghien et Ath sont phagocytés par Bruxelles et sa banlieue, tandis que quand on habite Brugelette et Chièvres, le w-e, on va boire un verre aux marché aux herbes de Mons. J'ai beau chercher des points communs, je n'en vois pas. Il est illusoire de croire que les 330 000 habitants de la région vont tout d'un coup regarder dans l'autre sens quand on aura crée le Daring Walpic. La preuve par 11 avec Mouscron-Péruwelz: les 45 kilomètres de distance entre les deux villes ont découragés la grande majorité des péruwelziens qui préfèrent aujourd'hui passer leur dimanche après-midi devant un match de série provinciale. Si Stéphane Pauwels lisait ce billet, il me dirait probablement qu'il est temps de changer nos mentalités étriquées et nos esprits de clocher pour suivre un intérêt supérieur, l'intérêt régional. Hum. Hum hum. 3 fois hum.

Nettoyer les écuries d'Aulas me semble plus accessible qu'annihiler l'esprit  de clocher dans le foot. L'esprit de clocher, c'est l'essence même du foot, sa nature profonde, le saint des saints. Prenons un supporter lambda, Jean-Claude qui fait sa sortie du week-end, le dimanche après-midi au stade des Géants. Qu'est ce qui l'amène? Je vous donne les raisons potentielles:1. Son fils ainé y joue en cadets et même qu'il a un super crochet du gauche et qu'il pourrait passer en provinciaux l'année prochaine.2. Il habite à 200 mètres du stade et tout les 15 jours il passe prendre Jean-Pat, son voisin d'en face pour aller siphonner ensemble une quinzaine de pintes à la cafeteria. 3.Son beau-frère est entraîneur des juniors et à des places gratuites. Et maintenant, les raisons pour lesquelles, notre ami Jean-Claude n'ira pas voir le Walpic United: il conduit déjà son fils, qui a un super crochet du gauche, deux fois par semaine à l'entrainement plus un match le dimanche matin. Alors faire 45 minutes de route en plus le dimanche après-midi, non merci! D'autant plus que Jean-Pat doit batailler avec Brigitte depuis le jeudi soir pour espérer avoir 90' de quartier libre le dimanche, alors toute l'aprem pour aller voir le Walpic, c'est même pas la peine d'essayer! Et le foot, sans les pintes avec Jean-Pat, c'est pas pareil! Et si en plus, ya plus moyen de resquiller grâce aux places gratuites du beau-fils et qu'il faut allonger 8 euros, Jean-Claude dit: NON NON NON! Voila ce qui amène les gens au stade de la P4 à la D1: l'esprit de clocher! Le foot, c'est comme le pain, quand on a une boulangerie au coin de la rue, on ne va jamais chercher sa baguette de l'autre côté de la ville, et même si elle y est meilleure. Bien entendu, dans ces 330 000 personnes, il y a surement des amateurs de beau jeu, des types qui ne se mouchent pas du coude et qui ne jurent que par la D1. Oui, il y en a. Et ils sont (déjà) supporters d'Anderlecht, de La Gantoise ( à un jet de caillou de Mouscron), de Courtrai, de Waregem, de Lille, etc.. et pour les détourner de ses clubs, faudra se réveiller tôt.

Secundo, à défaut de charrier des cohortes de supporters, le FC Walpic devra pouvoir compter sur de solides appuis financiers pour espérer accéder aux séries supérieures. Tout particulièrement dans ce domaine, l'addition (une d2+ 2 promotions = une d1) est erronée. Séparons d'un côté les gros sponsors d'envergure régionale, et de l'autre les petits sponsors du coin. Il faudra beaucoup de doigté et de sens du commerce pour convaincre l'ancien sponsor maillot en promotion de devenir sponsor chaussettes en d3, et ce pour quelques millier d'euros de plus! Et en ce qui concerne les commerçants du coin, plus nombreux mais moins généreux, ils sont encore extrêmement important dans le financement des clubs. Traiteur Linda et Jean-Michel était d'accord pour allonger 3000 euros par an pour un panneau de pub le long du terrain dans le club de la ville, en espérant de la sorte, jouer un sale coup à leur concurrent direct Boucherie-Traiteur Kevin. Seront-ils toujours d'accord pour sortir 5 000 euros, pour un panneau 2 fois plus petit dans le fond de la buvette de l'Inter Walpic qui joue à 55 km de là? Alors qu'on leur a proposé de devenir, pour seulement 2000 euros, sponsor principal du nouveau club de la ville, qui se lance avec de très grandes ambitions depuis la P4! Une opportunité à ne pas rater pour faire morfler Boucherie-Traiteur Kevin! Bref, pour que ce club passe d'un statut communal, à un statut régional, il va falloir faire marcher la planche à billets à la Région Wallonne. Et vu le contexte actuel, je doute.

Tertio, le défi sportif. De ce côté là, le Futurosport  reste un des meilleurs atouts dans la manche du Walpic. Mais les problèmes évoqués ci-dessus restent d'actualité, il faudra convaincre les parents d'envoyer leur progénitures à Mouscron, plutôt que dans un des clubs de D1 parfois plus proche. Un dilemme cornélien se profile:  faire le choix des excellentes infrastructures hurlues, et s'éloigner (temporairement) de la Jupiler League ou suivre la politique du moindre risque en rentrant dans le giron d'un club de l'élite.

D'un autre côté,  quand l'Olympique Walpic sera porté sur les fonds baptismaux, la concurrence régionale aura été purement et simplement supprimée dans les séries nationales( à partir de la promotion). Mais ce leadership sera effectif uniquement à un très fugace moment M: la saison 1. Par le simple jeu des promotion/relégations, des cercles de P1 Hainaut finiront irrémédiablement par accéder à la Promotion. Voila une ébauche de scénario: Karim, jeune attaquant de 19 ans a réalisé une superbe saison en réserve au FC Tournai, avec 13 buts au compteur, il est optimiste et espère intégrer le noyau des A. Pas de bol, le club fusionne pour devenir le Deportivo Walpic . Avec cinq nouveaux attaquants dans l'effectif, Karim comprend vite qu'il doit chercher son bonheur ailleurs. La RUS Beloeil flaire le bon coup et le contacte. La décision est pas facile à prendre. Il doit descendre en P1 mais d'un autre côté il reste dans le coin, ce qui fait plaisir à sa copine Jessica, et en plus Beloeil est super-ambitieux avec les transferts de David, un arrière-droit jugé trop court à Mouscron-Péruwelz; Pablo, meneur de jeu auquel Ath ne faisait plus confiance, et Simon, jeune gardien qui a été international en u15. Et perdaf, dix mois plus tard, Karim marque le but décisif qui permet à Beloeil, bien aidé par ses transferts, d'accéder à la Promotion!

Voilà le tableau dans 5, 10, ou 15 ans: des clubs aujourd'hui secondaires auront su faire rêver Jean-Claude et Jean-Pat, ces supporters du dimanche après-midi ; auront su récupérer Traiteur Linda et Jean-Michel, et auront su donner une chance à ceux, comme Karim qui était trop juste pour le Lokomotiv Walpic. On se retrouvera avec trois concurrents pour le Walpic Rangers, et on sera à nouveau exactement au point de départ. Enfin pas vraiment, car on aura perdu, entretemps,  trois matricules, trois clubs, trois histoires.

1 commentaire:

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